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Evelyne Dhéliat

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Ils sont entre 7 et 10 millions de téléspectateurs à regarder Evelyne Dhéliat présenter chaque jour la météo sur TF1. Une mission qui lui tient à cœur tout comme la sensibilisation du public au réchauffement de la planète. Découverte de cette jeune femme naturelle, vive et pleine d’entrain.

Savoir Maigrir : Que retenez-vous de vos débuts à l’ORTF en tant que speakerine en 1970 ? Evelyne Dhéliat : Tout cela est déjà loin… C’était mes premiers pas dans la vie professionnelle. Disons que je n’avais pas de plan de carrière, mon rêve était de devenir journaliste. A l’époque les femmes n’avaient pas vraiment de place dans ce métier. D’un côté, il y avait les grands magazines féminins et, de l’autre, l’actualité qui était quelque chose de sérieux et réservé aux hommes. Envoyer une femme grand reporter sur le terrain ne se faisait pas beaucoup. La journaliste Christine Okrent a commencé à être l’une des premières à inverser la tendance. J’ai été présentatrice un peu par hasard. A l’époque j’étais étudiante, je préparais une licence d’anglais, et, pour gagner un peu d’argent, j’avais répondu à une petite « annonce-concours » de l’ORTF qui, justement, cherchait quelqu’un pour présenter les programmes en anglais. Et puis un jour, Anne-Marie Peysson, la présentatrice de l’époque, est partie travailler à RTL. Et petit à petit, je suis entrée dans le métier. Aujourd’hui, les speakerines n’existent plus, mais il ne faut pas être nostalgique et avoir des regrets. Il est plus que jamais nécessaire de savoir avant tout évoluer avec son temps. C’est la vie et je trouve cela tout à fait normal. S. M. : Que vous a apporté votre parcours à la télé depuis la présentation des programmes sur TF1 à celle du Grand Prix de l’Eurovision en passant par vos émissions (« A la bonne heure », « La maison de TF1 », « Ravis de vous voir », « C’est bon à Savoir ») ? E. D. : L’émission « La maison de TF1 » a existé de 1982 à 1986. On pourrait presque dire que c’était de la « télé-réalité informative ». On était dans une vraie maison, on se parlait en ignorant la caméra. C’était donc la vie de tous les jours avec les problèmes que rencontre un couple chez lui, que ce soit au niveau des papiers administratifs, du bricolage, du jardinage… C’est ce concept qui a fait le succès de l’émission avec un ton nouveau. Les téléspectateurs ont adoré cette proximité. Le métier de speakerine, c’était aussi ça. Depuis « La maison de TF1 » jusqu’à l’émission de consommation intitulée « A vrai dire » en passant par la présentation chaque jour de la météo, je parle de la vie, au quotidien, qui concerne tout le monde. S. M. : Que pensez-vous de la télé et du média qu’elle représente aujourd’hui, de son évolution, notamment sur TF1 ? E. D. : Elle évolue à un rythme très rapide. Quand je revois une cassette de « La maison de TF1 », par exemple, je me dis que le rythme de l’émission n’aurait plus lieu d’être. Si on la diffusait à nouveau sur le petit écran, on la ferait différemment. Parce qu’à l’époque, on mettait presque dix minutes à expliquer comment planter un clou ! J’exagère un peu ! Maintenant, le rythme est beaucoup plus rapide. C’est dans l’air du temps. Les gens vivent différemment. L’évolution va donc dans ce sens là. Mais comme je le disais, la proximité existe toujours. Au cœur de la météo, chaque téléspectateur qui nous regarde peut s’identifier grâce à la représentation de sa région. Les techniques progressent également. Pour ma part, je présente la météo depuis 1992. Quand je revois une cassette de cette époque, je me dis que les choses ont changé petit à petit. Finalement la télévision et les émissions évoluent avec le temps. S. M. : Qu’est-ce qui vous a incitée à présenter la météo puis à devenir chef du service ? E. D. : A l’époque, je présentais une émission de consommation qui s’appelait « A vrai dire ». J’en avais fait un peu le tour et j’avais envie d’autre chose. L’occasion s’est alors présentée avec le départ de Michel Cardoze du service météo. D’autant plus que la géographie et la météorologie étaient des domaines que j’aimais. C’était aussi pour moi le moyen de revenir vers le journalisme et de faire de l’information de proximité. Il n’y a qu’à voir les audiences quand le journal de 20 heures s’ouvre sur un phénomène météorologique. J’ai donc posé ma candidature et la direction de TF1 m’a demandé d’être très vite opérationnelle. Pendant le mois d’août, j’ai donc fait un stage à Météo France où tous les matins j’apprenais les rudiments de la météo, les après-midi, je m’exerçais sur le « fond bleu » du studio avec Alain Gillot-Pétré, qui m’apprenait aussi à traduire les éléments de Météo France pour faire les cartes du bulletin. A la fin du mois, j’ai réalisé une cassette et la direction m’a dit : « OK, c’est bon, on y va ». J’ai donc intégré le service météo aux côtés d’Alain. Sept ans plus tard à son décès, la chaîne m’a demandé de prendre la direction du service. Etre chef de service est une responsabilité énorme. Je dis d’ailleurs souvent que c’est un peu la partie immergée de l’iceberg. Il y a la présentation du bulletin météo, mais il y a également en amont la partie fabrication qui représente beaucoup de travail. Les gens ont parfois l’impression qu’on arrive et qu’on se met devant une carte mais en fait, il y a beaucoup de préparation avant l’antenne. La responsabilité du service est aussi de faire évoluer le bulletin avec des nouveautés. Par exemple, depuis quelques années ont été ajoutés les masses d’air ou les barographes. Ce sont des petites touches ponctuelles qui permettent cette évolution. C’est avec mon équipe technique que nous cherchons de nouveaux logiciels météo qui existent à travers le monde. Tous fournissent des possibilités graphiques pour faire nos bulletins. L’évolution se fait aussi grâce aux progrès des prévisions de Météo France. Quand je suis arrivée à l’antenne, les spécialistes faisaient des prévisions à trois jours puis à cinq jours. Maintenant, c’est pour toute une semaine. Quant aux prévisions à 24 ou 48 heures, elles sont de plus en plus justes. Au fil des ans, je m’aperçois que la météo est de plus en plus pointue. D’ailleurs les téléspectateurs la considèrent maintenant comme une vraie science et sont de plus en plus sensibles au temps. Je l’ai constaté par rapport à deux phénomènes météorologiques qui les ont vraiment marqués : la tempête de décembre 1999 et la canicule de 2003. Là, tout le monde s’est dit : il se passe quelque chose. S. M. : Et que pensez-vous du réchauffement climatique ? E. D. : C’est vrai qu’on en parle de plus en plus et j’y suis très sensible. J’ai justement ajouté dans les bulletins météo une rubrique spéciale intitulée « C’est bon pour la planète ». J’ai travaillé avec des scientifiques qui m’ont vraiment aidée à mettre en place et valider ces conseils de proximité pour sensibiliser les consommateurs dans leurs habitudes de vie. Il était donc essentiel que tout le monde comprenne le message. Le plus difficile a donc été, avec les spécialistes, de trouver des phrases simples et concrètes pour avoir le maximum d’impact auprès du grand public. Il est vrai que c’est dans l’air du temps, tout le monde parle du réchauffement climatique. Maintenant, c’est une évidence, il faut en prendre conscience. Mais il est difficile de le ressentir dans la vie quotidienne. Lorsque j’annonce l’arrivée d’une tempête les téléspectateurs savent ce que cela veut dire. Tandis que parler de réchauffement climatique et de la disparition d’espèces ou d’éléments naturels est difficile à imaginer. Les gens sont de plus en plus réceptifs à ces messages quotidiens qui leur permettent aussi de faire des économies d’énergie. Au final, tout le monde s’y retrouve ! S. M. : Que souhaiteriez-vous voir se développer dans le domaine de la météo ? E. D. : Ce domaine est déjà très riche grâce aux images que nous envoient les satellites ou les radars. Devant le nombre croissant d’informations météorologiques, et la durée d’un bulletin étant toujours la même, il faudra savoir choisir les bonnes informations en fonction de la météo du jour. Notre rôle sera aussi de sensibiliser de plus en plus les téléspectateurs aux problèmes du réchauffement climatique dans leur comportement au quotidien. Si, grâce à ces recommandations on arrive à réduire la consommation d’énergie, on obtiendra forcément des résultats. Je dis toujours : « les petits ruisseaux font les grandes rivières ». Et c’est vrai ! S. M. : Depuis vos débuts à la météo en 1992, avez-vous des envies ou d’autres projets d’émission ? E. D. : Je crois que je suis tombée dans la marmite de la météo ! Et je me passionne vraiment pour mon métier. Il est vrai que beaucoup de mes activités y sont liées. Je participe souvent à des manifestations. En septembre dernier par exemple, l’Organisation météorologique mondiale m’a sollicitée pour former pendant huit jours à Dakar des présentateurs météo africains francophones. Le mois suivant, Hubert Reeves et moi-même avons parrainé un forum international de la météo à la Cité des sciences à Paris. Il y avait des présentateurs météo du monde entier. Ce genre de représentation est très important pour moi. Je souhaite vraiment continuer dans cette voie, car il y a beaucoup de choses à faire. Quant à présenter d’autres émissions pourquoi pas ! J’ai des envies et des idées, mais ce n’est pas évident. Ce qui me passionnerait serait de produire et animer une émission, mais c’est difficile lorsqu’on n’a pas de maison de production. De plus je n’ai pas beaucoup de temps à y consacrer. Toutes les semaines, je présente la météo du lundi au jeudi, et croyez moi c’est du travail à plein temps. Dès que le bulletin de 13 h est terminé, je me remets au travail, avec toute l’équipe, pour préparer ceux du soir. Pour vous donner un exemple, une séquence de quatre à cinq secondes qui explique l’évolution des perturbations exige deux heures de préparation technique. S. M. : Vous êtes une femme simple, authentique et accessible. Les téléspectateurs vous apprécient pour vos qualités depuis des années. Quelle est votre hygiène de vie pour rester en pleine forme ? Et où puisez-vous votre énergie ? E. D. : Je pense que j’ai de bons chromosomes, c’est un peu familial. Je n’ai jamais fait de régime et j’ai la chance de ne pas avoir de problème de poids... Ce qui est sans doute aussi lié à un mode et une hygiène de vie tout à fait naturels. Je dis toujours qu’il ne faut jamais être excessif dans quoique ce soit mais juste trouver son équilibre et privilégier un bon sommeil… Dès que je le peux, je fais un peu de sport. Et en plus, par goût, j’adore ce qui est bon pour la santé, je me régale de légumes, de poisson et de fruits. Quand j’entends les femmes dire qu’elles n’ont pas le temps de cuisiner, je ne comprends pas. Une grillade ou même juste un poisson grillé avec une salade et des légumes à la vapeur, ce n’est rien à faire. Et c’est fabuleux ! S. M. : Avez-vous recours à certaines méthodes de relaxation ? E. D. : Le fait de faire de la télévision génère un certain stress. Il est vrai qu’on a des montées d’adrénaline. Le soir, quand je rentre, je suis épuisée. Alors j’essaie de faire du sport. Pendant le week-end, je fais une balade de deux heures à la campagne avec des amis. En semaine, je fais un peu de gymnastique ou d’appareil de musculation pour m’entretenir. Tout le monde me dit que je suis pleine d’énergie à l’écran. Mais je crois que je suis comme ça aussi dans la vie. Et même quand il y a quelque chose qui ne va pas, j’essaie toujours de voir le côté positif. Tout compte fait, je n’ai pas tellement recours à la relaxation. A un moment donné, j’avais commencé à faire du yoga, mais j’avais peu de temps à y consacrer. En revanche, j’accorde beaucoup d’importance à la qualité de mon sommeil pour récupérer. Heureusement, je dors très bien sans jamais prendre de médicament, somnifère ou autres. Et lorsque je suis un peu malade, j’essaie même d’habituer mon organisme à se défendre. A la base, j’ai une bonne santé et de l’énergie, et je pense que le mental y fait aussi beaucoup ! S. M. : Pouvez-vous donner des conseils à nos lectrices pour qu’elles gardent, comme vous, tonus et vitalité ? E. D. : Il est vrai que dans mon métier il faut toujours être en forme, car on est constamment en « représentation ». Le secret réside dans une bonne hygiène de vie pour garder la santé. La vie est une question d’équilibre qu’il ne faut surtout pas perdre. Tout dépend du tempérament de chacun, mais il est important de s’accorder du temps pour soi. Pas d’excès ni dans l’alimentation, les régimes, la gym ou le sommeil. Dormir sept ou huit heures d’affilée n’est pas du temps perdu et permet, au contraire, de se régénérer. S. M. : Vous êtes une personne connue et, en même temps, on entend rarement parler de vous. Vous avez toujours défendu votre vie privée. Envisagez-vous un jour d’en dévoiler une partie avec un livre ? E. D. : Je n’y ai pas trop pensé encore. Mais, souvent, les copains, les gens ou les journalistes me disent que je devrais écrire un livre sur mon hygiène de vie. On me répète régulièrement que je suis très représentative en la matière. Pourtant, je n’ai plus 35 ans ! Même si j’ai commencé ma carrière jeune.