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Hasta Siempre Cuba !

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Entre plages et cités coloniales parmi les mieux préservées de toute l’Amérique du Sud, Cuba est une terre de fusion, alliant les couleurs et les saveurs.

Nicolás Guillén (1902-1989), poète cubain mythique, a trouvé une bien jolie image pour décrire son île : « un alligator vert aux yeux de pierre d’eau ». Depuis, ses compatriotes ne se sont toujours pas lassés de son heureuse métaphore résumant parfaitement, il est vrai, la topographie de leur pays. Outre l’île principale, Cuba compte 4 000 cayos (îlots) ceinturant 4 000 km de côtes bordées d’eaux cristallines. Baigné par trois mers (le golfe du Mexique, la mer des Caraïbes et l’océan Atlantique), l’archipel déploie des plages de sable fin, ou de sable doré aux gros grains ou bien encore de sable sombre mat, comme la peau des belles mulâtresses cubaines. Les eaux bleues et vertes des mers de Cuba offrent tout au long de l’année des températures moyennes comprises entre 24° et 28 °C, et des conditions idéales pour pratiquer la natation et de nombreux sports nautiques. Elles se prêtent tout particulièrement à la plongée sous-marine, en raison de leur transparence et de la richesse des barrières de corail.Cuba, la caribéenne, tient donc ses promesses et plus encore.
Passé le littoral, l’alligator endormi se réveille et se redresse. Cuba est en effet une mosaïque complexe de reliefs et de biotopes qui ne laissent jamais l’œil au repos : les forêts couvrent 1/5 du territoire, 60 % des paysages nationaux sont classés « karstiques » - l’exemple le plus fameux est la Vallée de Viñales et ses mogotes - , trois zones montagneuses, la Sierra Maestra à l’est, la Sierra del Escambray au centre et la Sierra de Guaniguanico à l’ouest percent des étendues de savane, 2/3 du pays sont occupés par des plaines et des vallées où l’on cultive depuis le XVIe siècle le tabac et la canne à sucre… Les panoramas sont variés, même si Cuba est un petit pays. A ce sujet, l’anecdote est trop belle pour ne pas être relevée : alors que la superficie « scientifique » du pays est 110 922 km², les manuels de géographie ont retenu 111 111 km² pour simplifier la tâche aux écoliers. Héritage d’une pédagogie tout marxiste, sans doute…
 

Marxisme tropicalisé

Ici, la doctrine politique s’accommode de tout, mais s’observe dans chaque point de détail. Depuis 43 ans que le gouvernement de Castro est en place, le communisme transpire dans tous les domaines de la vie quotidienne. L’éducation, bien sûr. Depuis 1961, date à laquelle 700 000 Cubains illettrés apprirent à lire et à écrire, l’Etat n’a jamais failli à sa mission : aujourd’hui les ¾ de la population active ont un niveau scolaire équivalent au baccalauréat. Cet esprit d’équité se retrouve dans le fonctionnement du système de santé, très satisfaisant pour un pays à l’économie si laborieuse. Car c’est bien ici que le bât blesse : la gravité de la crise, contraignant les autorités à s’ouvrir aux économies capitalistes et, par voie de conséquence, à en subir les influences, a créé logiquement un important marché noir, la bolsa negra comme on dit ici, participant à un capitalisme sauvage. Face à cet imbroglio de bonnes mesures et de démesures, le voyageur attentif comprend vite qu’il faut s’abstenir de tout jugement : Cuba n’est ni le paradis, ni l’enfer, mais peut-être les deux à la fois.
Dans cette île, une vérité et son contraire peuvent coexister. Pour preuve, n’a-t-on pas érigé à la Havane une statue de John Lennon après avoir interdit sa musique dite décadente dans les années 1960-1970 ?