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“Thigh Gap”, la recherche de l'ultra-maigreur

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Le “thigh Gap”, vous connaissez bien sûr ? Difficile d’y échapper pour quiconque aime feuilleter les magazines de mode ou surfer sur le Net. Depuis quelques mois, ce qui n’était jusqu’à présent qu’une simple caractéristique physique, a envahi la Toile. En fait, le “thigh Gap” décrit l’espace plus ou moins prononcé que l’on a ou pas entre les cuisses lorsqu’on se tient debout. Thigh signifiant cuisse et gap, fossé. Et ce petit “gap” de quelques centimètres fait toute la différence pour beaucoup. Plus qu’un simple caprice esthétique, cette particularité physique est devenue un marqueur indispensable de la tyrannie de la minceur extrême, tout comme les salières saillantes – elles aussi très prisées. Le seul “hic”, c’est qu’elle ne concerne que 2% de la population féminine mais est présente dans 98 % des journaux. De quoi repousser encore un peu plus loin les limites de l’usine à rêves.

Une simple caractéristique physique qui semble être devenue depuis quelques mois le symbole des jeunes femmes et des filles qui ont envie de maigrir, quitte à mettre leur santé en danger. Sur Tumblr, Twitter, Instagram, Pinterest et autres réseaux sociaux, elles s’échangent des astuces toutes plus absurdes les unes que les autres pour atteindre ce nouvel idéal de minceur. Les photos, qui montrent des cuisses amaigries, parfois jusqu'à l'extrême, sont publiées par de très jeunes filles avides de montrer leur succès ou, à leurs yeux, leur tragique échec. 
« Mon thigh gap est énorme, soyez jalouses les filles », s'amuse l'une d'elles, quand une autre se désole du sien, qui est « médiocre ».

Sur Tumblr, réseau jusqu’à présent très populaire chez les adolescentes le tag #thighgap est devenu l’un des plus actifs. Ce réseau a même élaboré un programme détaillé afin de vous apprendre à prévenir les risques de rétention d’eau  en faisant bien attention à ne jamais croiser les jambes, et d’autres conseils 100 % scientifiques. Première étape comment maigrir en faisant un palper-rouler de la graisse à l’intérieur de vos cuisses. Avis aux courageuses !
Sur un site spécialisé sur le sujet, on commence par prévenir les candidates à l’espace idéal « qu'un thigh gap n'est pas physiquement possible pour la plupart des gens. » Vous voilà prévenue mais rien ne saurait vous décourager dans cette entreprise ambitieuse. Rien ne saurait s’opposer aux diktats de la mode.
 
Pourtant, quelques voix s’élèvent pour dire, le thigh gap, c’est de la poudre aux yeux. « Le “thigh gap” décrit l’espace plus ou moins prononcé que l’on a ou pas entre les cuisses lorsqu’on se tient debout. »Selon elles, c’est simplement une caractéristique qu’ont certaines personnes au même titre que les fossettes au-dessus des fesses ou le nombril qui ressort. Des filles extrêmement minces mais aux hanches étroites ne vont par exemple pas l’avoir, ou très peu. C’est une pure question de morphologie. En gros, si on ne l’a pas, ça ne sert à rien de s’acharner en s’affamant à tout prix. Ossature, répartition de la masse adipeuse et musculature peuvent être responsables du “thigh Gap”, sans qu'il y ait forcément une corrélation avec l'anorexie. Les filles cherchent donc parfois à atteindre l'impossible, à leurs risques et périls.
 
Pour répondre à ce nouveau défi, la chirurgie esthétique propose la technique du « lipoglaze » ou liporéduction des cuisses. Elle consiste à geler les cellules graisseuses afin de parvenir à parvenir à augmenter ce déficit de la cuisse. Jusqu’à présent ce traitement non-invasif connu pour cibler les zones tenaces de graisse était principalement utilisé sur le bas-ventre.
 
"Le message est clair" : "Si vous ressemblez à ça, vous serez belles et acceptées", précise la sociologue, Shannon Snapp, de l'université de l'Arizona  pour qui « les adolescentes sont sans doute les premières à en subir la pression, parce qu'elles sont en pleine puberté ». « Elles cherchent à être acceptées socialement, à être dans la norme, comme les adultes car elles savent que dans une société sexiste, leur corps est une monnaie d'échange et veulent accroître ce qu'elles pensent être leur valeur sociale ». Un prix lourd à payer car poursuivre ce genre d’obsession "irréaliste", signifie qu'elles devront s'affamer. Or, les besoins énergétiques d'une adolescente tournent autour des 2.500 calories par jour, selon des recommandations de l'OMS.