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Des nouvelles de l'anneau gastrique

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Après le dossier complet que nous avons consacré aux différentes méthodes de chirurgie gastrique dans le traitement contre l'obésité (Savoir Maigrir n°3), nous avons souhaité revenir sur le sujet un an après, pour faire le point sur ces différentes techniques. Nous avons donc rencontré le Professeur Jean-Marc Chevallier, professeur en chirurgie de l'obésité à l'Hôpital Européen Georges Pompidou, afin qu'il explique très clairement à nos lecteurs le parcours qui les attend dans le cas de la pose d'un anneau gastrique. Entretien.

Savoir Maigrir : Existe-t-il un seul type d'obésité chez les patients que vous traitez ? Professeur Jean-Marc Chevallier : Il y a deux types d'obésité. L'une est inconfortable, l'autre est maladive puisqu'elle diminue l'espérance de vie. Et c'est cette obésité pathologique qui va entraîner des complications qui diminuent l'espérance de vie, comme l'hypertension artérielle, le diabète, la surcharge en cholestérol dans le vaisseau du coeur provoquant l'infarctus, la surcharge en cholestérol dans les vaisseaux du cerveau qui donne les accidents cérébraux, l'arthrose invalidante, l'apnée du sommeil... On s'est aperçu, et quand je dis « on », ce sont essentiellement les compagnies d'assurance occidentales, que l'obésité devenait pathologique lorsqu'on pesait plus de 45 kilos au dessus de son poids idéal. Le poids idéal est fixé par des tables réalisées par ces compagnies d'assurance en fonction de la taille. Ce sont uniquement ces patients là qui nous intéressent. Dans un service hospitalier de l'Hôpital Public, on soigne des gens malades. Et les gens malades de leur obésité sont ceux qui ont plus de 45 kg à perdre. Les autres souffrent d'un inconfort lié à un excès de poids et ne peuvent pas être soignés dans un hôpital public. S.M. : A qui est réservée la pose d'un anneau gastrique ? Pr J.-M. C. : « Réservée » n'est pas le mot approprié. On décide de procéder à cette intervention chirurgicale après échec de la prise en charge médicale. Il ne faut jamais penser qu'on puisse commencer à maigrir avec une opération chirurgicale. Les patients qui sont opérés sont des patients pour lesquels on a fait le constat d'un échec des différentes prises en charge médicales, quelles qu'elles soient : régime, thérapie comportementaliste... C'est dans ces situations là que l'on discute de l'éventualité d'une intervention chirurgicale. S.M. : Quelles sont les techniques alternatives à l'anneau gastrique ? Pr J.-M. C. : Il y a deux façons d'aider un patient à perdre son excès de poids. La plus ancienne était basée sur un principe dit de malabsorbtion. C'était très simple, ça reste d'actualité. Ce principe consistait à dire que si les gens avaient un excès de poids, c'était parce qu'ils profitaient de tous leurs tubes digestifs. Donc pour les faire maigrir, on va prendre un bout d'intestin tout en bas, et le brancher sur le sommet de l'estomac, en court-circuitant toute la partie intermédiaire. C'est ce qu'on appelle un court-circuit gastrique. Le court-circuit reste l'opération la plus efficace en terme de perte de poids. Son deuxième avantage est qu'il ne nécessite pas de coopération de la part du patient qui peut continuer à manger n'importe comment, de toutes façons, il maigrira. Il y a toutefois deux inconvénients : il s'agit d'une modification, voire même d'un bouleversement important et définitif de l'architecture du tube digestif. D'autre part, il s'agit d'une opération qui est soumise à des sutures de bouts d'intestins, donc à des complications qui peuvent être potentiellement graves comme des fuites de sutures. Il y a ensuite un second type d'intervention, né justement de ces complications là qu'on a tenté de résoudre par une autre méthode. On s'est dit qu'on allait diviser l'estomac en deux compartiments. On mettrait en haut de l'estomac un petit compartiment de la taille d'un demi verre d'eau, séparé du reste de l'estomac par un rétrécissement. On avait déjà pensé à cela il y a quinze ans en établissant un agrafage de l'estomac, divisant celui-ci en deux compartiments avec un petit rétrécissement de un centimètre. Et puis, il y a douze ans, est arrivé la cœlioscopie. Il s'agit d'une façon d'opérer dans le ventre sans faire de cicatrices. Donc extrêmement intéressante dans la mesure où elle évite tous les problèmes inhérents à la paroi abdominale, en particulier chez les obèses. Et là, on s'est dit que cela pourrait être intéressant d'effectuer cette division de l'estomac au moyen d'un anneau. Ce serait un corps étranger placé autour de l'estomac et le divisant en deux compartiments, l'un petit et l'autre de taille moyenne. Ainsi, lorsque les gens mangent, ils n'ont rapidement plus faim (sensation de satiété précoce). Le deuxième avantage est que cette technique est complètement réversible puisque l'anneau s'enlève. Cet anneau est aussi complètement ajustable, au moyen d'un ballonnet placé à l'intérieur qui permet de gonfler plus ou moins le rétrécissement. Schématiquement, on peut considérer qu'actuellement il y a deux principes utilisables, soit la malabsorbtion, soit la restriction de l'estomac. Et dans le cadre de cette dernière, il y a deux techniques : l'agrafage ou l'anneau. S.M.
stéthoscope
: Combien de patients sont opérés chaque année en France, avec l'anneau ? Pr J.-M. C. : Tout dépend de l'année ! Cette opération a commencé à être pratiquée en 1995, et l'activité a été de plus en plus importante jusqu'en 2002. Cette année là, il y a eu environ 1000 anneaux mis par mois, soit environ 12 000 anneaux placés en France dans l'année. Et puis les pouvoirs publics ont commencé à s'intéresser à la situation, et ils se sont aperçus que certaines règles d'indication n'étaient pas complètement respectées, parce que, peut-être, les recommandations n'étaient pas assez précises. Une enquête a donc été faite par la Caisse Nationale d'Assurance Maladie, ce qui a eu pour effet de réduire considérablement le nombre de mises en place de ces anneaux. Comme je suis responsable de la rédaction du rapport sur la chirurgie de l'obésité en 2004 de l'Association Française de Chirurgie, j'ai donc mission d'effectuer une enquête nationale. Cette enquête nationale, je l'ai établie entre le 1er mai et le 30 juin sur l'ensemble de la chirurgie bariatrique (la chirurgie de l'obésité) faite en France. Je suis actuellement à 1000 questionnaires remplis. Même après l'enquête de la CNAM, on peut dire qu'il y a actuellement environ 500 patients qui ont été opérés en mai et en juin, toutes opérations confondues. S.M. : A cause des restrictions mises en place par la Sécurité sociale, pensez-vous que le nombre d'opérations de ce type risque de stagner, voire de diminuer ? Pr J.-M. C. : Il faut être clair. Avant que les pouvoirs publics demandent des précisions, les indications pour ce type d'intervention n'étaient pas très bien définies. L'enquête de la CNAM était basée sur deux documents officiels. Le premier était les recommandations des sociétés savantes médicales, c'est à dire les sociétés savantes de nutrition, d'obésité, l'AFERO (association française d'études et de recherches sur l'obésité)... Ces sociétés savantes médicales avaient fixé des indications opératoires il y a très longtemps, c'est à dire avant 1995, sur des notions qui n'étaient pas complètement actualisées. Le document qui concernait les chirurgiens est le rapport de l'ANES (agence nationale d'évaluation de santé), publié en mai 2000. Ce rapport, qui n'est donc pas une recommandation, fixait un peu les indications. C'est sur ces deux documents, complètement indépendants, l'un médical, l'autre chirurgical, que travaillaient les chirurgiens. Et jusqu'à présent, on n'avait jamais rassemblé sur un seul document des recommandations médicales et chirurgicales. Aujourd'hui, il faut qu'on le fasse, pour pouvoir déterminer efficacement à quel moment on doit opérer. Donc, je ne peux pas vous dire combien de personnes subiront cette intervention à l'avenir. S.M. : Quels sont les risques et les complications de la pose d'un anneau gastrique ? Pr J.-M. C. : Là encore, les choses ont beaucoup évolué. L'année dernière, on a énormément parlé du risque de glissement de l'anneau. C'est à dire qu'un certain nombre de patients avaient été réopérés parce que leur anneau avait bougé. Le principe de l'opération est que l'anneau sépare un petit compartiment, lequel doit rester petit et inextensible pour donner une sensation de satiété précoce. Il faut donc que l'anneau ne bouge pas. Si le patient ne respecte pas les règles diététiques, en particulier les règles de fractionnement de l'alimentation en plusieurs fois par jour par petites collations, s'il mange par exemple deux fois par jour, le temps qui s'écoulera entre ces deux prises alimentaires sera trop long, alors il mangera trop et dilatera la petite poche, entraînant un glissement. L'année dernière, le chiffre des glissements est monté jusqu'à 20 % de patients qui ont dû être réopérés. On s'est aperçus que ces complications étaient essentiellement dûes à des erreurs diététiques : certains patients n'avaient pas compris les règles de l'alimentation, ou bien ne les avaient pas acceptées, ou encore n'en avaient pas eu connaissance car on ne les leur avait pas enseignées. Là encore, la prise en charge multidisciplinaire, notamment la prise en charge par une diététicienne avant l'opération, a fait la preuve de sa nécessité. D'autre part, la technique opératoire a changé depuis octobre 2000. Sans entrer dans le détail, disons que l'anneau est désormais mis en place de telle façon qu'il glisse beaucoup moins. Avant cette date, l'ancienne technique entraînait 22 % de glissements. La technique nouvellement utilisée depuis l'année 2000 montre moins de 2 % de glissements. On peut considérer maintenant que le problème du glissement est réglé. Il y a d'autres problèmes à résoudre, qui restent des problèmes pour l'avenir. L'érosion, (l'anneau pénètre dans la paroi de l'estomac, ce qui implique en conséquence de le retirer lors d'une intervention), reste un problème à résoudre, puisque sur les 1000 patients suivis qui ont répondu au questionnaire en juillet 2003, 5 avaient subi une érosion avec leur anneau. Soit un chiffre de 0,5 %, qui est un chiffre faible, mais d'autres études font état d'un plus grand nombre. Il semblerait qu'il y ait deux facteurs qui favorisent cette érosion : un anneau trop serré, et un risque infectieux. La deuxième question qui se pose est celle de la dilatation de l'œsophage. Normalement, il faut que se soit seulement la petite poche qui se trouve au dessus de l'anneau qui se remplisse d'aliments, pour que tout de suite la sensation de satiété apparaisse. Or, on a vu l'oesophage au dessus se dilater chez certains patients. Évidemment, si l'oesophage se dilate, il n'y a plus de sensation de satiété et l'anneau devient totalement inutile. Là encore, dans notre expérience, le nombre de patients à qui cela arrive est de 4 sur 1000, ce qui est très peu. Il est vrai toutefois que ces complications surviennent après trois ans d'anneau et que la plupart des équipes qui ont opéré n'ont pas encore trois ans de suivi en moyenne. Pour résumer le problème des risques et des complications, il faut considérer que les complications graves immédiates, comme les perforations par exemple, disparaissent avec l'expérience, que les glissements deviennent rares et que les deux questions restant à résoudre pour l'avenir sont l'érosion et la dilatation de l'œsophage, qui sont des complications tardives. S.M.
Dr. Patrick  Knipper
: Quel recul a-t-on aujourd'hui sur l'anneau gastrique ? Pr J.-M. C. : Le premier anneau a été posé dans les années 90. On peut donc dire que le recul est de treize ans environ. Nous en avons posé par coelioscopie à partir de 1996, on a maintenant 1200 patients opérés depuis cette date, qui ont tous été suivis... Voilà à peu près notre recul. Mais par exemple, nous ne sommes pas encore capables de dire s'il est possible de garder un anneau toute sa vie. Personne ne l'a encore jamais fait, c'est une question à laquelle nous pourrons répondre dans les années qui viennent. S.M. : Peut-on envisager le retrait de l'anneau une fois que les mesures diététiques ont été correctement assimilées et que la personne a perdu beaucoup de poids ? Pr J.-M. C. : C'était l'objectif naïf et théorique il y a dix ans. A cette époque, on s'étaient dit que comme il y avait des gens qui avaient 50 kilos à perdre et qui n'y arrivaient pas par les régimes, on allait les aider avec un corps étranger. Que ces personnes allaient perdre leurs 50 kilos en 18 mois, et que lorsqu'ils auraient atteint leur but, ils auraient changé physiquement, moralement, et leurs habitudes alimentaires. Donc naïvement on pensait qu'on pourrait enlever l'anneau. Et puis depuis 10 ans, on observe qu'en fait on le retire très exceptionnellement. Les gens perdent leurs 50 kilos, certes, mais au bout des 18 mois, ils souhaitent toujours le garder. En ce qui me concerne, dans ma série de mille patients, seuls douze ont souhaité le faire retirer, parce qu'ils pensaient qu'ils avaient changé, que tout allait bien et qu'ils n'en auraient plus besoin. Ces douze personnes n'ont pas regrossi. Mais je ne peux pas considérer que douze personnes sur mille soit un chiffre représentatif. L'immense majorité des gens souhaite le garder deux ans, trois ans, quatre ans... j'ai même des patients qui ont des anneaux depuis huit ans, et qui ne veulent absolument pas qu'on le leur enlève. A ceux là, on explique que l'on n'a pas de références et que l'on ne connaît personne ayant un anneau depuis plus de treize ans. On leur conseille vivement de revenir une fois par an en consultation pour vérifier que tout va bien. Il s'agit encore, et il faut bien insister là-dessus, d'une procédure innovante. C'est une technique moderne. Il y a treize ans, il n'y avait pas de traitement de l'obésité pathologique. Les médecins avaient accepté le fait de n'avoir que 5 ou 10 % de succès définitif par une prise en charge médicale. On a donc essayé de trouver une solution chirurgicale. On possède maintenant des moyens chirurgicaux qui semblent efficaces, avec une efficacité variable, mais on n'a pas la prétention de pouvoir répondre à tous les problèmes. Face aux gens qui viendront nous voir en consultation dans quatre ans, nous aurons peut-être des réponses un peu plus précises, mais pour le moment, on donne les réponses que l'on a actuellement sur une technique nouvelle. S.M.
Marie-Christine
: Dans quels cas l'anneau plutôt que le court-circuit est-il proposé ? Pr J.-M. C. : Pour schématiser : dans une équipe comme la nôtre, on a posé à ce jour un peu plus de mille anneaux. On s'est aperçu, puisqu'on a suivi tous nos patients, que l'anneau fonctionnait très bien quatre fois sur cinq. Ce qui signifie que 200 personnes n'ont pas obtenu un bon résultat malgré la pose de cet anneau. Nous avons procédé à une analyse de ces 200 personnes qui n'avaient pas bien maigri et nous en avons conclu que leur échec tenait à deux raisons : non suivi des règles diététiques, en particulier du fractionnement, et absence de surveillance médicale. Nous établissons une surveillance obligatoire pendant les 18 mois de la perte de poids, tous les 3 mois, et s'ils ne se présentent pas aux rendez-vous, ils prennent leurs responsabilités. Pour aller plus loin, on a essayé de comprendre le profil de ces gens là et on s'est aperçu que dans une grande partie des cas, il s'agissait de personnes très obèses pesant entre 160 et 180 kg. Il était donc logique de proposer autre chose à ces gens qui ont beaucoup de poids à perdre et qui ne respectent pas les règles diététiques. On avait déjà une technique, la plus ancienne : le court-circuit, celle qui fait perdre le plus de poids, et qui de plus est adaptée à des gens qui ne vont rien faire pour nous aider et qui vont continuer à manger comme avant. Donc, on a remis au point le court-circuit, et pour que ce soit aussi confortable que les autres techniques, on l'a réalisée sous cœlioscopie. Toutefois, nous ne sommes pas trop directifs en leur proposant cette technique parce qu'il est encore trop tôt pour être certain que c'est la méthode la mieux adaptée. Cette opération étant, de plus, très difficile à réaliser. S.M. : Quels sont les différents médecins que les patients doivent rencontrer préalablement à l'opération ? Pr J.-M. C. : Il y a un minimum de médecins à consulter. La chirurgie de l'obésité s'inscrit dans une stratégie thérapeutique après échec des prises en charges médicales. La moindre des choses est d'avoir vu un médecin nutritionniste qui fait état de l'échec de cette prise en charge médicale. Et puis nous avons été frappés, en particulier en début d'expérience, de voir des patients ayant été opérés trop tôt, sans une bonne évaluation psychologique. En particulier en ce qui concerne l'anneau, les règles diététiques impliquent une coopération que le patient doit vraiment accepter. Il faut alors qu'il soit vu par un psychiatre ou un psychologue, pour que les autres médecins qui établiront sa situation sachent s'il y a des contre-indications absolues dans son cas comme la compulsion boulimique, qui fera se dilater la poche de l'anneau du patient. Comme il n'est pas si facile de faire la différence entre les gens qui ont des accès boulimiques, comme c'est souvent le cas chez l'obèse, et des gens qui ont véritablement une compulsion boulimique, c'est à un psychiatre de se charger d’établir cette différence. Il leur faudra donc voir le médecin nutritionniste, le psychiatre et évidemment rencontrer la diététicienne, car ils devront se faire expliquer les règles diététiques. Dans la mesure où il n'est pas question de pratiquer une intervention sur l'estomac avant d'avoir vérifié son intégrité, il faudra que le médecin gastro-entérologue fasse une endoscopie. Comme il n'est pas non plus question de pratiquer une coelioscopie à un grand obèse sans avoir vérifié sa situation respiratoire, le patient devra voir un pneumologue. Mais aussi un cardiologue, car chacun sait que les complications les plus graves de l'obésité sont les complications cardio-vasculaires. Enfin, bien évidemment, il y aura la consultation avec l'anesthésiste. S.M. : Après une perte de combien de kilos en moyenne les patients peuvent-ils envisager une reconstruction plastique ? Pr J.-M. C. : La reconstruction de silhouette est logique, parce que quelqu'un qui a perdu 50 kilos va avoir un excès de peau. Chez l'homme, cet excès se situe surtout au niveau du tablier du ventre, chez la femme il se situe au niveau du ventre, des seins, de la face interne des cuisses et de la face interne des bras. C'est inéluctable. Certes, il est vrai que pendant l'amaigrissement, on peut améliorer l'état de sa peau en la tonifiant grâce à la gymnastique ou le sport, mais de toutes façons, les patients auront besoin d'une reconstruction de silhouette. Et celle-ci devra être faite quand la plus grande partie de l'excès de poids aura été perdue. Les plasticiens diront toujours qu'il vaut mieux avoir maigri avant d'envisager une reconstruction, et comme nous estimons que la période d'amaigrissement dure dix-huit mois, je dirais qu'il faudra entamer cette chirurgie entre dix-huit mois et deux ans. S.M.
ventre peau détendue
: Un mot de la fin pour conclure ? Pr J.-M. C. : Je n'ai pas évoqué la préparation. Actuellement, les gens viennent consulter le chirurgien parce que l'anneau existe. Ils pensent que c'est miraculeux... A l'hôpital, pour vous donner une idée, il s'écoule à peu près trois mois, entre la première consultation avec le chirurgien et le moment de la date opératoire. Pour quelles raisons ? D'abord, ne voient le chirurgien que ceux ayant une obésité pathologique. Ensuite, ils verront au moins le chirurgien deux fois. La première fois, il s'agit d'une consultation purement informative au cours de laquelle aucune décision n'est prise. D'une part, on recueille l'histoire de leur obésité, d'autre part on leur donne le plus de renseignements possibles sur toutes les stratégies, qu'elles soient médicales ou chirurgicales. Et puis les gens repartent avec des « missions ». Ils doivent effectuer des démarches auprès de patients ayant déjà été opérés, considérablement facilitées aujourd'hui par la présence d'associations d'anciens opérés. Puis ils doivent effectuer un bilan cardiaque, un bilan métabolique, une consultation avec une diététicienne et le psychiatre. Ils ont un délai de réflexion, qui doit être d'un minimum d'un mois, pendant lequel ils doivent penser à ce qui a été dit. Est également établi un bilan médico-chirurgical pour voir si l'on peut proposer la chirurgie à ces patients. S'ils le souhaitent, ils reviennent nous voir en deuxième consultation. Avec l'avis du staff médico-chirurgical, on pourra alors leur dire si on les opère ou si on ne les opère pas. Si on les opère, on pourra mettre en route les examens de préparation à l'opération, la consultation d'anesthésie, le bilan digestif, le bilan respiratoire... Il est donc important de dire aux gens qu'ils ne doivent pas être opérés la semaine suivant la consultation, parce que ce n'est pas un service à leur rendre. Tous ceux qui ont été opérés sont très heureux d'avoir pu préparer psychologiquement cette intervention par quelques mois de réflexion. Il y a un réel bouleversement des habitudes alimentaires qui est nécessaire, en particulier avec l'anneau, et ce bouleversement ne se fait pas de force, du jour au lendemain, une fois posé. Toute la difficulté est de s'y préparer.
Entretien avec le Dr Patrick Knipper, spécialiste en chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique à Paris. Savoir Maigrir : Tous les patients ayant subit une chirurgie gastrique ont-ils besoin d'avoir recours à des opérations de chirurgie reconstructrice ensuite ? Dr Patrick Knipper : Non seulement ce n'est pas une obligation, mais de plus ce n'est pas systématique. En pratique, il est exceptionnel qu'après la perte d'une surcharge pondérale importante il n'y ait pas un geste chirurgical à faire. Cela concerne en moyenne quatre personnes sur cinq. Il ne s'agit pas d'une décision suggérée par le médecin, cette décision doit venir du patient. Il est vrai qu'après une perte de 60 kilos par exemple, l'état cutané est tel que l'indication d'une chirurgie devient nécessaire. Il existe toutefois des contre-indications à cette chirurgie. Elles peuvent être d'ordre psychologiques, voir psychiatriques. Il existe des personnes qui ne vont pas accepter leur transformation corporelle et qui vont se sentir comme des inconnues dans leur propre corps. Le geste chirurgical pourra être pris comme une agression par le patient, car il passera d'un corps abîmé mais sans cicatrices à un corps cicatriciel, même si l'excédent de peau a disparu.
ventre peau détendue profil
Le tabac chez les personnes qui fument beaucoup représente également une contre-indication. Car pour pouvoir déplacer la peau, il faut la décoller et lui tirer dessus. Sur un fumeur dont la vascularisation est mauvaise, la peau sera plus fragile et il y aura donc une mauvaise cicatrisation. Outre ces problèmes de cicatrisation, les autres complications possibles à cause du tabac sont les petites infections cutanées. S.M. : Quelles sont les parties du corps qui doivent le plus souvent être reconstruites ? Dr P.K. : Il s'agit en premier lieu de l'abdomen, puis des seins, de la face interne des cuisses et des bras. S.M. : Ces interventions sont-elles prises en charge par la Sécurité sociale ? Dr P.K. : Suite à une gastroplastie, elle peuvent faire l'objet d'une demande de prise en charge. Tout dépend, les dossiers sont étudiés au cas par cas. S.M. : Comment évoluent les cicatrices ? Dr P.K. : Les cicatrices sont assez impressionnantes et restent rouges pendant plus de trois mois. Un délai d'attente de six mois entre chaque intervention doit être respecté, car il ne faut pas que le patient subisse plusieurs anesthésies en une seule fois. J'ajouterais que les patients, après une gastroplastie, sont généralement sympathiques, de bonne humeur et toujours contents, motivés quoique trop pressés parfois. Cette chirurgie se fait de moins en moins souvent à l'hôpital, qui n'a ni la place ni les budgets pour le faire.
Marie-Christine, 50 ans, sans profession. « J'ai commencé à prendre du poids à l'âge de vingt-sept ans, après la naissance de mon fils. Ma façon de m'alimenter s'est détraquée, je suis entrée dans l'engrenage des régimes yo-yo et autres substituts de repas qui font grossir quand on les arrête. Je me suis rendue chez un nutritionniste, mais sa méthode était trop contraignante et je n'étais pas motivée car j'avais tout le temps faim. Un jour, j'ai vu une émission à la télé qui parlait de l'anneau gastrique, une technique que je ne connaissais pas. J'ai immédiatement pris rendez-vous pour rencontrer un chirurgien qui la pratiquait. Il m'a fallu un an d'attente et de préparation pour pouvoir accéder à cet anneau magique. Ce délai ne m'a pas semblé excessif, car il s'agissait d'un grand bouleversement dans ma vie et j'étais heureuse d'avoir pu m'y préparer. Cette année m'a permis de m'entraîner à manger plus lentement et à bien mastiquer, car une fois l'anneau posé, il arrive qu'on l'oublie et que l'on mange vite. Aujourd'hui, quinze mois après, j'ai perdu 48 kilos et j'ai retrouvé ma féminité. Je peux faire des gestes qui paraissent aussi simples que de croiser les jambes ou me mettre du vernis sur les ongles de pieds, mais qui m'étaient pratiquement impossibles à réaliser avec mon surpoids. Je peux aussi enfiler pour la première fois des bracelets ou des bagues. Je me suis remise à faire du vélo, à monter les escaliers et même à faire de la gym, puisque je ne suis plus essoufflée. Mon compagnon actuel, qui m'a connue forte, me redécouvre à présent que je suis devenue mince. Même les hommes se sont remis à me regarder, comme une femme et plus comme une « grosse femme » qui attire l'attention. »
Suite à la considérable perte de poids occasionnée par la pose d’un anneau gastrique, le patient présente une peau détendue et évidée.
Après reconstruction plastique

Maria, 37 ans, auxiliaire de puériculture « J'ai toujours eu bon appétit, mais après ma première grossesse il y a onze ans, j'ai dépassé les 100 kilos. J'ai entamé plusieurs fois des régimes, mais je grossissais et je maigrissais sans vraiment obtenir de résultats définitifs. Suite à une émission à la télé en 1999, j'ai découvert l'existence de l'anneau gastrique. J'ai fait toutes les démarches nécessaires avant l'intervention pour m'en faire poser un. Après cette opération, j'ai perdu 21 kilos, puis je suis tombée enceinte à nouveau. J'ai accouché de mon bébé, puis j'ai eu un problème de boîtier et on a dû me le changer sous anesthésie locale. Je me suis remise à perdre du poids (6 kilos) et... j'ai entamé une nouvelle grossesse. Aujourd'hui, j'ai accouché depuis quatre mois et je me remets à faire attention à moi. L'anneau m'a aidée lors de mes deux dernières grossesses à ne pas prendre de poids, car aussitôt accouchée, j'avais déjà tout perdu en quelques jours. Alors que lors de ma première maternité (sans anneau), j'ai gardé plus d'une dizaine de kilos après l'accouchement. J'ai quelques problèmes hormonaux qui sont liés à ma prise de poids, et qui se stabiliseront d'eux-mêmes dès que je recommencerai à maigrir. Aujourd'hui, quatre ans après la pose de mon anneau, je vais enfin pouvoir le faire resserrer (je n'avais pas pu le faire après la pose car j'étais tout de suite tombée enceinte). J'attends de cet anneau un soutien, car les personnes ayant des problèmes de poids sont souvent faibles devant la nourriture et ont besoin d'être aidées. »