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Les effets et les méfaits de l'alcool

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Prenons la culture du vin en France car bien des Français considèrent, et certainement à juste titre, leur vin comme le meilleur du monde. Des régions comme, pour ne citer qu'elles, le bordelais ou la Bourgogne recèlent les plus grands crus. De même, la Champagne a donné son nom au vin pétillant à bulles qui est connu du monde entier et souvent copié. En résumé, la France est le pays féru de cuisine et de dégustation de vin. Cette activité orientée vers la bouche mobilise une partie non négligeable de l'économie française et la dégustation y est élevée au rang d'art et de partie intégrante du savoir-vivre et de la convivialité. Et comme en témoignent les Sociétés et Chevaleries de Taste-vin : « Il est des nôtres, il a bu son verre comme les autres ». 

Tout cela serait très bien s'il n'y avait un revers à la médaille, ce revers étant l'alcoolisme. Cet alcoolisme même qui doit être considéré comme une maladie car il provoque des drames et des ravages considérables dans le monde entier. Les individus ne sont pas égaux devant l'alcool. On peut dire que ceux qui ne sont, ou ne deviennent pas alcooliques ont de la chance. En effet, pour une raison que l'on ne connaît pas et pour laquelle nous n'avons pas jusqu'à présent la moindre idée pour un peu plus de 10 % de n'importe quelle population, et sans que vraiment on ne puisse mettre en évidence de facteur particulier et notamment héréditaire, l'alcool va être assimilé non pas comme une boisson neutre mais comme une véritable drogue. Quand il boit, le sujet sensible présente une soif sans satiété. Plus il boit et plus il a envie de boire jusqu'à ce qu'il soit suffisamment imprégné. Cela conduit certains à un état d'ivresse qui va se terminer par un profond sommeil. D'autres ne seront jamais saouls mais ils auront en permanence une consommation importante. Un autre mode d'alcoolisme est la cuite du samedi soir. On observe cela dans les boîtes de nuit avec le retour meurtrier des jeunes gens; un phénomène illustré dans la rubrique des accidents d'automobile. D'ailleurs, il suffit de se rappeler que pendant la guerre de 1914, les armées faisaient boire les soldats avant l'assaut. On utilisait alors la faculté qu'a l'alcool de faire perdre la notion du danger associée à une augmentation de l'agressivité. L'alcool a également été utilisé comme l'un des premiers dopants dans le cyclisme. Une autre forme appelée « alcoolisme pathologique » s'accompagne de modifications du comportement sur le mode violent. Les SDF alcooliques se battent souvent entre eux et les femmes d'alcooliques subissent aussi souvent des violences. Une autre caractéristique de cette intoxication est la dépendance. L'alcool agit comme un désinhibiteur, euphorisant et parfois anxiolytique. Au début, avec quelques verres d'alcool répartis dans la journée, le sujet se sent en forme et prêt à affronter les épreuves de la vie courante. Mais peu à peu, comme il n'y a pas de sensation de satiété, il n'est pas repu, et pour obtenir le même effet, il va augmenter les doses. Les périodes pendant lesquelles le sujet ne se trouve pas sous l'emprise de l'alcool vont diminuer comme une peau de chagrin. Alors, corollaire de la dépendance, le phénomène de sevrage est apparu. Lorsqu'il est à jeun d'alcool le sujet est en manque. Comme avec toutes les drogues dures, il se sent mal et éprouve un besoin impérieux de consommer de l'alcool. Néanmoins, cet aboutissement est variable d'un sujet à l'autre et dépend de son parcours dans la vie. Comme l'alcool altère plus ou moins le jugement, l'individu dépendant a toujours l'impression qu'il maîtrise la situation. Cela peut arriver, mais malheureusement c'est rarement le cas. Par ailleurs, il a souvent des problèmes de communication : il refuse de parler de son alcoolisme car cela l'irrite profondément, et s'il en parle, il le minimise. À plus ou moins brève échéance, l'alcool va devenir la principale pour ne pas dire l'unique préoccupation du sujet alcoolique. Il est devenu l'esclave d'un besoin impérieux. Plus il boit et plus il a envie de boire. Il est guetté par la descente aux enfers. Les périodes de manque devenant de plus en plus dures à supporter il va parfois se constituer des réserves cachées pour échapper à l'aide de son entourage. Il risque de perdre son emploi, son permis de conduire, d'aller en prison, de voir partir femme et enfants. On a vu certains alcooliques complètement désocialisés et démunis boire tout ce qui leur tombait sous la main comme de l'eau de Cologne… Il va de soi que le retentissement sur la santé est désastreux, d'autant que le sujet n'est plus en mesure de s'alimenter, que ce soit matériellement ou par manque d'appétit et oubli de manger. L'effet délétère sur la santé est également majoré par un tabagisme fréquent. Les organes les plus sensibles à l'alcool sont le foie et le système nerveux. Au niveau du foie, l'atteinte se manifeste d'abord par une surcharge en graisse avec une augmentation du volume de cet organe, appelée « l'hépatomégalie ». Le médecin accompagne classiquement l'évolution par la palpation du bord inférieur, la percussion du bord supérieur et le report sur des calques. Le foie s'allonge de plus en plus. Puis apparaît un durcissement ou sclérose appelé classiquement cirrhose. Le bord et la partie inférieure du foie débordant sont durs à la palpation. À l'heure actuelle, on suit très bien cette évolution à l'échographie et avec le bilan biologique du foie. Cet organe est tellement sclérosé que les liquides ont du mal à le traverser. Ils vont donc refluer dans le péritoine qui se remplit de ce que l'on appelle l'ascite. Le sujet est très maigre et il a un ventre dilaté par des litres d'ascite. Les veines de l'abdomen sont dilatées : c'est la « circulation collatérale ». Pour soulager l'excès de pression abdominale, le médecin doit souvent ponctionner des litres d'ascite. L'état de santé du malade est critique.