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Les Risques Cardio-Vasculaires

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Les femmes pensent souvent que seuls les hommes sont concernés par les maladies cardio-vasculaires. À tort. Peu sensibilisées sur les risques qu’elles encourent, la prévention s’impose.

Le chiffre est éloquent : une femme sur trois meurt d’une maladie cardio-vasculaires dans le monde. En France, cette maladie est la première cause de décès chez les femmes, touche toutes les tranches d’âges et augmente avec le temps. La gente féminine a-t-elle conscience qu’elle peut être touchée ? S’informe-t-elle et est-elle suivie régulièrement pour prévenir les risques ? Pas sûr. « Il est gravé dans l’inconscient collectif que ces maladies sont des maladies d’hommes. Les femmes ne sont pas réellement conscientes du risque qu’elles encourent, explique le Dr Tabassome Simon, maître de conférence et praticien hospitalier au service de pharmacologie du Chu Saint Antoine, à Paris. Pour les sensibiliser, il faut d’abord faire tomber les idées reçues, les informer et les inciter à se faire suivre ». De son côté, le Pr Geneviève Desrumeaux, cardiologue au Chu de Lyon, précise que les femmes n’ont pas conscience de ces risques pour la simple raison que pendant longtemps elles ont considéré être protégées par leurs hormones. « Les oestrogènes ont un effet positif sur le vaisseau et protègent des maladies cardio-vasculaires. Cette protection les a laissées s’envahir par des facteurs de risques typiquement masculins qui sont devenus mixtes ». Ces facteurs de risque, quels sont-ils ? Le tabac (rappelons que 30 % des femmes fument), les modifications hormonales et la prise de la pilule, le mode de vie des femmes qui favorise le stress et la sédentarité, l’alimentation qui est devenue déséquilibrée. Si les femmes n’ont pas conscience de ces risques, les médecins et les cardiologues aussi, parfois. « L’information doit passer par les professionnels, rajoute le Pr Desrumeaux. Par exemple, il arrive que certains gynécologues ne demandent jamais aux jeunes femmes si elles fument avant de leur prescrire la pilule. Pourtant, il est important de les avertir de la nécessité de restreindre leur consommation tabagique si elles veulent avoir une contraception progestative. La visite gynécologique constitue la première façon de rencontrer les femmes ». Autres moments dans la vie d’une femme qui permettent de la tenir informée : pendant la grossesse, au cours de laquelle l’environnement doit être pris en compte, et à la ménopause, période pendant laquelle il est important que les professionnels de santé sensibilisent leurs patientes sur les facteurs de risques.
 

Ce que pensent les femmes

L’Observatoire national Pfizer et la Fédération Française de Cardiologie se sont associés pour lancer une étude sur « les Françaises face aux risques cardio-vasculaires ».« En France, la maladie cardio-vasculaire est la première cause de décès chez les femmes » Celle-ci a porté sur 1040 femmes, âgées de 18 à 65 ans. Ses résultats mettent en avant une méconnaissance certaine de la plupart d’entre elles des risques cardio-vasculaires. Ainsi, elles sont 34 % à ne pas savoir les définir et 47 % à citer surtout l’infarctus et la crise cardiaque. Quant à l’AVC (accident vasculaire cérébral), il n’est évoqué que par 11 % d’entre elles. Pourtant, en France, il représente la première cause de handicap et ses conséquences sont graves. « L’AVC peut entraîner une perte d’autonomie, mais aussi de la parole et de la vision », précise le Pr Desrumeaux. Julie, 28 ans, raconte avec émotion son histoire. Pour elle, tout a basculé il y a un an, alors qu’elle rendait visite à son père. « Depuis quelques temps, je me sentais fatiguée, j’avais des migraines. Je dormais tout le temps. J’ai mis ça sur le compte de mes études. J’étais alors en plein examen. Et puis un jour, alors que je disais au revoir à mon père, j’ai eu une forte migraine, ma vue s’est troublée et je n’ai plus senti mon bras gauche. Je me suis écroulée devant lui, inconsciente et quand je me suis réveillée, j’étais à l’hôpital. J’avais été victime d’un AVC ». Depuis, Julie doit faire très attention à elle et ne doit pas se fatiguer. Le médecin lui a prescrit de l’aspirine à forte dose afin de fluidifier son sang. « J’ai eu très peur. A présent, je me fais suivre régulièrement, je passe des scanners, je contrôle ma tension. Je fais plus attention à moi ».
Chaque année, dans le monde, trois millions de femmes meurent d’un AVC. Si la prise de conscience est très récente, elle est pourtant bien présente. Aux Etats-Unis, une campagne d’avertissement des professionnels de santé et des femmes s’est déroulée l’an dernier, et le thème du dernier Congrès de cardiologie européen a porté sur la maladie cardio-vasculaire chez les femmes. Bien qu’il soit effectivement difficile de faire passer des bilans systématiques aux personnes qui n’ont pas de problèmes de santé particuliers, en revanche ces bilans sont nécessaires pour celles qui sont sédentaires et en surpoids. Par-dessus tout, c’est l’information des femmes par les professionnels de santé qui demeure essentielle. Pour les avertir et leur rappeler que les maladies cardio-vasculaires ne touchent pas que les hommes.