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Quand la balance devient un poids !

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L’AVIS DE LA PSYCHOLOGUE

Martine Bouvard est docteur en Psychologie, psychologue clinicienne au département Psychologie de l’Université de Savoie à Chambéry. Elle nous explique ce que sont les TOC.
 
Comme leur nom l’indique, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) se caractérisent par la fréquente présence d’obsessions et de compulsions qui se manifestent au quotidien chez la personne qui en souffre. Au niveau de leurs principaux critères d’identification, les obsessions apparaissent sous la forme d’idées, de pensées et d’images qui surgissent donc spontanément dans la vie de tous les jours. Du coup, elles sont souvent sources d’angoisses chez le patient atteint. Elles peuvent également se traduire par des désirs impulsifs qui sont particulièrement intrusifs et récurrents tout au long de leur existence. Quant aux compulsions, elles reposent largement sur des rituels mentaux ou moteurs qui vont donc permettre justement au sujet d’annuler temporairement ses angoisses du moment.
 
Des obsessions et des compulsions
Ces différents signes surviennent en général chez le jeune adulte. " C’est en effet le pic de fréquence que l’on observe, en pratique, indique Martine Bouvard. En général, on le situe au début de l’âge adulte mais on s’est aperçu qu’il peut y avoir également apparition de troubles obsessionnels compulsifs chez l’enfant et l’adolescent ". Ces divers symptômes interviennent et évoluent de manière progressive. " Souvent, les personnes commencent par avoir des idées qui les angoissent, poursuit notre spécialiste. Et ensuite, elles vont émettre une sorte de rituel ". Les classiques du genre sont les rituels de lavage, de vérification et de rumination (qui consiste, pour ce dernier, à remâcher les aliments ramenés de la panse dans la bouche).
Certes, comme cela arrive souvent, il ne faut pas confondre les troubles obsessionnels compulsifs et les tics. " Les premiers associent en même temps les obsessions et les compulsions, précise notre psychologue. Alors que les seconds relèvent plutôt d’un comportement moteur. Car il s’agit de gestes que l’on répète mais qui ne seront jamais associés à une obsession ".
 
Leurs influences dans la vie quotidienne
Concernant l’impact des troubles obsessionnels compulsifs, il est important de signaler leurs conséquences dans la vie familiale et professionnelle au quotidien. " La consommation d’eau ou de poudre de lessive à outrance lors des rituels de lavage, par exemple, fait partie des principales manifestations qui peuvent interférer au niveau familial et de l’entourage proche, note notre intervenante. A force de payer les factures d’eau ou d’acheter de la poudre à lessive, le budget à consacrer à ce type de rituels est de plus en plus lourd à gérer au sein de la vie d’un célibataire ou d’un ménage ". Peu à peu, les troubles obsessionnels compulsifs suivent une évolution qui devient chronique et invalidante. " Tout dépend de la symptomatologie que présente le patient au départ, prévient Martine Bouvard.  Mais dans la plupart des cas, les personnes avouent leurs troubles obsessionnels compulsifs à partir du moment où elles sont très invalidantes tous les jours. D’autant que le temps passé à l’exécution de ces rituels dans la vie quotidienne et les conséquences financières qui en découlent deviennent parfois très préoccupants chez certains malades ".
 
Les solutions : des antidépresseurs et une thérapie comportementale et cognitive
Actuellement, les solutions thérapeutiques dont nous disposons pour traiter les troubles obsessionnels compulsifs simples recouvrent la pharmacologie à base d’antidépresseurs prescrits au patient. Elles s’accompagnent éventuellement d’une thérapie comportementale et cognitive qui consiste à se rendre chez un psychologue ou un psychiatre ou encore un spécialiste formé à ce type de thérapies. " La thérapie comportementale est ce qu’on appelle la technique d’exposition avec prévention de la réponse, explique notre spécialiste. Concrètement, il y a une séance d’exposition de l’individu à la situation qui l’incommode et le trouble dans sa vie de tous les jours et prévention de ses rituels. Une thérapie d’exposition, c’est finalement lui faire affronter la situation angoissante et attendre que, dans de telles circonstances, ce dernier ne soit plus angoissé. Pour cela, le spécialiste choisit et classe donc des situations de la moins à la plus angoissante. Il commence toujours à tester le sujet dans les situations les moins stressantes pour lui. Et une fois que ce dernier parvient à ne plus être perturbé par de telles circonstances, le spécialiste augmente son exposition ". Tout cela se fait bien entendu avec l’accord de la personne concernée qui choisit de s’engager dans une thérapie comportementale. Mais cela prend environ une vingtaine de séances. " Tout dépend des patients, avance notre psychologue. Ensuite, l’association de la thérapie comportementale à la thérapie cognitive aboutit à un travail sur les schémas cognitifs spécifiques au sujet atteint de troubles obsessionnels compulsifs. Le thérapeute va aider le sujets à mettre à jour des croyances dysfonctionnelles liées aux obsessions (la voiture devant n’a pas de feu arrière gauche, je devrai peut-être le signaler sinon je serai responsable s’il lui arrive un accident). La thérapie cognitive consiste en une remise en question, dans cet exemple, du sentiment de responsabilité pathologique. Les croyances dysfonctionnelles associées aux schémas cognitifs conduisent le sujet à interpréter les informations toujours de la même manière, la thérapie consiste à lui faire prendre conscience des croyances et à les modifier ".