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“Thigh Gap”, la recherche de l'ultra-maigreur

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"Mince partout sauf les seins", tel est le slogan de ces filles parfois très jeunes.L'industrie de la mode régulièrement est pointée du doigt par les psychologues pour véhiculer cette image déformée du corps de la femme.Certains d’entre eux n’hésitent pas à voir, derrière ce phénomène qui peut sembler superficiel, un retour à l’infantilisation des femmes, les encourageant à retrouver leur corps de petite fille,le plus désincarné possible. Des psychiatres mettent en garde contre ce qui est pour eux une apologie de l’anorexie mentale.  « Le thigh gap n'est absolument pas une recherche de sensualité ni de séduction. C'est une quête de la maîtrise du corps - déclare l’un d’entre eux, Xavier Pommereau. Ces jeunes filles se définissent davantage par ce qu’elles montrent d’elles que par ce qu’elles disent ». Elles sont fières de faire savoir qu’elles y sont arrivées et de voir leurs photos rebloguées et « likées » par l’e-communauté.
 
À l’âge où l’on a du mal à habiter son corps, on imagine les ravages qu’une telle quête peut occasionner sur le long terme. Entre minceur et maigreur, la frontière semble tenue pour la plupart de ces ados.Les psy redoutent que cette recherche d’une nouvelle perfection soit le signe déclencheur d’un nouveau trouble du comportement alimentaire (TCA) favorisant l’anorexie.
 
Entre cette maladie - qui touche majoritairement les filles jeunes, de milieu social et intellectuel élevé - et le milieu de la mode, c’est une longue histoire. On se souvient de la jeune mannequin Isabelle Caro, décédée à 28 ans qui n’a pas hésité à exposer son corps décharné pour alerter contre les risques de l’anorexie. À la suite de cela, de grandes marques avaient décidé de signer une charte s’engageant à ne pas faire appel à des jeunes mannequins trop maigres. L’Espagne est en avance dans ce domaine. Depuis septembre 2006, la péninsule ibérique interdit aux mannequins ayant un IMC inférieur à 18, c'est-à-dire pesant moins de 55 kg pour 1,75 m, de défiler.« Le thigh gap : une caractéristique physique qui est devenue le symbole des adolescentes qui ont envie de maigrir, quitte à mettre leur santé en danger. » Pour info, il y a 20 ans, le mannequin moyen pesait 8% de moins que la femme moyenne. Aujourd'hui, elle pèse 23% de moins. La plupart des mannequins ont un indice de masse corporelle semblable à celui qui définit l'anorexie.
 
Au début des années 2000, certains sites ont été interdits car ils faisaient l’apologie de l’anorexie en induisant des comportements à risques. L’occasion de s’interroger sur l’influence des communautés Web dans les dérives liées aux troubles alimentaires. Une étude franco-anglaise a été menée pendant 3 ans sur ce thème. Ses conclusions ne sont pas trop alarmantes : la plupart des jeunes filles surfant sur ces sites présentaient un IMC (Indice de Masse Corporelle) tout à fait normal. Toutefois, elles souffraient quasiment toutes de troubles du comportement alimentaire. D’où l’utilité de maintenir dialogue et soutien de la part de professionnels de la santé. 
Selon Robyn Lawley, mannequin grande taille de Ralph Lauren, cette obsession n'a rien de nouveau, mais qu'elle a pris de l'ampleur grâce à son succès sur les réseaux sociaux.« Je suppose que nous avons chacune notre idéal, mais les femmes ont déjà suffisamment de pression pour avoir en plus à subir celle d'un thigh gap »,déclare-t-elle. Rien de nouveau sous le soleil de la mode. Dans les années 1960, la vogue des “squelettes” dans les défilés de haute couture avait été lancée par l’Anglaise Twiggy – pseudonyme signifiant "brindille"– qui forte du poids de ses 41 kilos, allait devenir l’égérie du très androgyne David Bowie et de la styliste Mary Quant. Son image continue d’imprimer le monde de la mode car on retrouve des photos du mannequin britannique Twiggy datant de l'année 1967 sur des sacs de récentes collections Vuitton. La minceur extrême a encore de beaux jours devant elle…