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40 ans... Est-ce l'Heure du Bilan ?

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 « On me dit que je suis dans la force de l’âge et que tout devrait rouler comme sur du papier à musique. Sauf que j’ai l’impression qu’un peu de ma vie s’échappe chaque jour. Je suis comme un sablier qui se vide lentement et ne peut rien construire. La fuite du temps inexorable m’angoisse. C’est un peu les sables mouvants. Dès que je bouge, je me sens m’enfoncer un peu plus.  Quand j’entends parler d’âge mûr, j’ai l’impression d’être un fruit blet sur le point de tomber et bientôt piétiné– écrit Marielle ».  

Mais dans la vie, la crise est vécue différemment par les hommes et les femmes. Chez elles, les changements physiques liés à la quarantaine s’avèrent souvent assez perturbants avec l’apparition des premiers cheveux blancs ou grisonnants, d’un peu d’embonpoint, des rides qui commencent à se marquer, des forces physiques qui commencent à diminuer sans oublier l’apparition des premiers symptômes de la ménopause. Oui, la crise du milieu de vie se manifeste également de manière hormonale. Pascaline s’en est durement rendu compte quand sa jeune coiffeuse lui a proposé une teinture pour couvrir aussi ses cheveux blancs. « Sans ménagement, je me suis retrouvée dans le camp des femmes mûres. Pour cette jeune femme, j’étais d’une autre génération. Moi qui ne me voyais pas vieillir, quelle claque ».En conflit avec sa mère, Jeanne n’arrive plus à se regarder dans le miroir : «  J’y vois ma mère. Jour après jour, j’ai l’impression qu’elle me rattrape comme si c’était elle qui avait fini par gagner. Ça me déprime. ».

Pour battre le temps de vitesse, Alexia s’est lancée dans un vaste chantier de chirurgie esthétique. Après une liposuccion des hanches et du ventre, la pose d’implants mammaires,  elle songe maintenant au lifting pour son visage car les injections ne lui semblent plus suffisantes. « C’est comme si j’avais envie de gommer toutes les marques que la maternité avait laissé sur mon corps. Je veux redevenir aussi lisse qu’avant. » Elle développe les mêmes craintes hypocondriaques au sujet de sa santé en s’adonnant à un régime strict.  En dehors de ses tentatives compulsives pour rester jeune et puissante, la vie lui paraît terne et vide.

Chez la femme, la quarantaine est par ailleurs marquée par de nombreux bouleversements, d’autant qu’avec la ménopause et l’ensemble des désagréments qu’elle entraîne, le fait de ne plus pouvoir procréer apparaît comme un constat marquant. C’est au cours de cette période que l'alarme biologique sonne le plus fort chez celles qui n'ont pas d'enfant. La femme sera bientôt infertile. Elle cherchera alors à combler cette absence, souvent perçue comme un vide. Ajouté à cela que, quarante ans, c'est aussi l'âge auquel les humains constatent que la vie va s'arrêter un jour.« C’est l’époque du fameux « démon de midi » qui touche aussi bien les hommes que les femmes. » Autour d'eux, des proches décèdent, luttent contre les maladies, voient leurs capacités diminuer de façon importante, et constante. 
Depuis son enfance, Pamela a construit sa vie sans se poser de question : des études rectilignes, un métier tout tracé, une vie sociale bien  remplie, tout coulait de source et puis soudain la panne. « Cela est venu en très peu de temps, de façon insensible. J’avais parfois comme un sentiment fugace de vacuité. Je me disais parfois : « Ah quoi bon ? » mais très vite, je me reprenais et continuer à m’agiter, à vibrionner de çi de là. Apparemment tout allait bien, tout semblait en ordre et soudain, c’est le chaosLa disparition inattendue d’une amie d’enfance a été le choc déclencheur. Adolescente, je m’étais très fort identifiée à cette fille à qui tout réussissait. Autant j’étais mal à l’aise,  empêtrée dans mon corps, autant elle paraissait sûre d’elle, de ce que la vie lui apporterait. Et elle ne l’a pas déçue. Argent, amour, réussite ont été au rendez-vous. Et voilà que j’apprends sa mort. Un suicide qui plus est ! Quel choc ! À l’enterrement, j’ai revu d’autres vieilles copines et j’ai eu plus de détails sur les circonstances du drame : elle était atteinte depuis plusieurs années d’une tumeur au cerveau, elle n’a pas supporté de se voir dégrader physiquement, elle qui était si belle. Elle a donc décidé de partir. Fin de l’histoire. En partant, elle a préféré faire table rase de ses tableaux. Elle a tout brûlé et a demandé à être incinéré… Pschitt !... Ne reste plus rien d’elle, disparue, volatilisée. Cette histoire m’a beaucoup secouée, ce d’autant plus qu’elle est advenue au moment où j’étais dans des affres de remise en cause vis-à-vis de mes choix de vie, de moi-même, de mon désir ou non de construire une famille. J’ai toujours eu besoin de modèles dans ma vie, elle en faisait partie. Mais je me rends compte aujourd’hui que derrière ces vitrines apparemment si lisses, il y a beaucoup de fêlures, de manquesEt puis, tout peut s’arrêter d’un moment à l’autre. Je pense à la compagne de Mick Jagger qui n’avait pas atteint 50 ans. La sortie des artistes, c’est pas mon truc. Toutes ces constatations m’ont permis d’entrouvrir un peu la chape de plomb sous laquelle je me suis enfermée depuis mon plus jeune âge. Je voudrais trouver quelle est la vérité profonde attachée à ce que je suis non pas en surface mais à la petite fille que j’étais qui voulait tellement conquérir le monde pour le changer. Aujourd’hui, je suis en train de négocier mon départ de la banque d’affaires dans laquelle je suis, j’ai commencé à prospecter pour me lancer dans une activité de conseil financier et stratégique en créant un blog avec un copain. Pour moi, c’est un grand pas. Pour les enfants, la famille, je me dis que je prendrai la vie comme elle vient. Il me reste peu de temps pour ça, on verra bien. ».