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40 ans... Est-ce l'Heure du Bilan ?

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Sophie a 39 ans. Deux enfants. Un mari. Une mère culpabilisante. Une maison en banlieue. Un boulot en ville. Bref, une vie ni banale ni franchement originale. Or, voilà qu'à l'aube de ses 40 ans, elle craque. Une nuit, incapable de supporter ses deux ados qui ne la respectent pas (plus), son mari qui ne la voit pas (plus), sa vie qu'elle passe à donner sans jamais rien recevoir en retour, sans parler des interminables bouchons sur les ponts, elle ose le tout pour le tout. Sur la pointe des pieds, elle quitte sa chambre, ramasse une valise et fonce. Direction: l'aéroport, pour attraper un vol pour Les Maldives. Officiellement, elle pense partir deux semaines. Mais elle se demande si elle reviendra jamais tout à fait la même.

Fiction ou réalité ? Un peu des deux en fait. C’est le début d’un roman mais ce n’en est pas tout à fait un pour Amélie, qui traversant une période de doute, se demande si elle ne va pas partir, tout quitter comme l’héroïne du livre. Quelle femme à ce moment de sa vie n’a pas rêvé faire cela ?

À tous les âges de la vie, on se pose des questions sur ses choix dans l'existence mais tout se passe comme si vers 40 ans on ne se sentait plus le droit à l'erreur. Les questions deviennent alors plus cruciales et les choix plus radicaux. À la différence des hommes, la crise que les Québécois nomment « le mitan de la vie » (« Over the hill » : de l’autre côté de la colline pour les Anglais), entraîne tout sur son passage dans la vie des femmes : boulot, compagnon, enfants, famille… rien n’échappe à cette véritable avalanche. La remise en question est drastique, profonde, parfois existentielle. Suis-je heureuse ? Suis-je satisfaite de ma vie ? Que puis-je changer ? À quoi dois-je renoncer ?…  Autant de questions que l’on se pose à l’occasion de cette remise en question psychique aussi importante que la crise de l’adolescence. En effet, on en a souvent comparé la crise de la quarantaine à celle de l’adolescence. Le psychanalyste américain Erik Erikson parle même de « deuxième adolescence » pour cette crise d’identité. Toutes deux sont deux moments charnières dans notre vie qui sont comme deux portes d'entrée pour nous aider à construire notre personnalité : la première qui concerne notre identité sociale s'édifie grâce au contact avec le monde extérieur ; la deuxième vise à se tourner vers soi et invite à une identité plus complète, plus intérieure.

Les spécialistes la situent entre 35 et 50 ans, plus probablement entre 38 et 48 ans. Selon différentes études, l’âge moyen tourne autour de 45 ans, l’âge où vous devenez statistiquement un senior. À noter : avec l’allongement de la vie, la crise a tendance à survenir plus tard. Parlerons-nous bientôt de la crise de la cinquantaine ? Cette crise dure entre 2 et 6 ans. Il s’agit d’une phase où la personne sent que la jeunesse lui échappe. Dans une société occidentale telle que la nôtre, vouée au culte de la jeunesse, atteindre l’âge symbolisant la moitié de sa vie peut entraîner quelques turbulences mentales : rien de plus normal.

Pour les femmes actuelles, dites de la génération X, la crise semble être particulièrement douloureuse. « Boulot, compagnon, enfants, famille… rien n’échappe à cette véritable avalanche. »« Je vois poindre les 40 ans et je me sens à bout de force – confie Vanessa. Quand je me compare à ma mère, je ne me trouve pas à la hauteur. Elle était veuve avec deux enfants et travaillait comme secrétaire. Comment faisait-elle ? En fait, nous sommes une génération de femmes perfectionnistes. On a voulu tout réussir en même temps : nos carrières, notre vie de famille, notre vie amoureuse. On s’est persuadées qu’il fallait être bonnes partout ; et parfois, ça éclate…». L’image de Superwoman ne les fait plus rêver.
Cette remise en question de leur vie en général les poussent souvent à divorcer ou bien à une réorientation de carrière. Pour les femmes qui n’ont pas encore eu d’enfant, leur instinct maternel les pousse à avoir des enfants pour combler le vide qui s’installe dans leur existence. Ajouté à cela les changements qui surviennent tels que le décès d’un proche, l’indépendance des enfants, la perte d’un emploi, des querelles de couple…

Les symptômes de la crise de la quarantaine prennent souvent chez les hommes et les femmes des signes similaires avec de légères différences. Il s'agit notamment de la fatigue inexplicable, de l'irritabilité, la tristesse et les sautes d'humeur couplées avec des épisodes de consommation excessive de tout ce qui est imaginé pour le moment et un sentiment permanent d’insatisfaction. Bien que beaucoup éprouvent une perte de la libido, d'autres prennent le chemin inverse en s'engageant dans des aventures sexuelles  jugées impensables auparavant. La femme entre généralement dans la quarantaine avec une préoccupation qui est d'ordre esthétique.Elle voit son corps qui vieillit. Elle subit la pression de la mode où l'apparence, la séduction, l'avoir, l'emportent sur la maturité, l'acceptation de l'être. Chez elle, la crise va se manifester plutôt par une dépression ou encore une fièvre acheteuse. Faire les magasins pour changer sa garde-robe ou son intérieur sont des facteurs fréquents constatés chez la femme. 
En réalité, la crise survient parce que la personne se bloque et résiste car elle éprouve un sentiment de peur face au changement. Jusqu’à ce que… paf ! On décroche et on s’enfuit… aux Maldives ou avec son prof de tennis. Les psys parlent de phénomène de décompensation. Ces fantasmes défensifs sont autant persécuteurs que la situation interne de chaos et de désespoir qu’ils ont pour fonction d’atténuer.