728 x 90

Le Tai-Chi : Équilibre du Corps et de l'Esprit

img

Le tai-chi forme, avec le Qi Gong, l’une des 5 branches de la médecine traditionnelle chinoise : celle des exercices énergétiques. Les 4 autres branches étant l’acupuncture, la diététique chinoise, la pharmacopée chinoise (herbes médicinales) et le massage Tui Na. Cette discipline, dérivée des arts martiaux, est aujourd’hui considérée comme une gymnastique énergétique globale. Depuis l’instauration du pinyin (le système de transcription phonétique de la langue chinoise), c’est la graphie Tai Ji Quan qui a été adoptée. Mais plusieurs autres ont été approuvées comme tai-chi, taï chi, taichi ou tai-chi-chuan. L’expression Tai Ji Quan se compose de 3 idéogrammes, dont les deux premiers signifient littéralement « faîte suprême » et incluent à la fois des notions d’équilibre dynamique et de but à atteindre. Le troisième caractère, Quan, signifie « poing » ou « combat à mains nues », et incorpore la dimension des arts martiaux. Les 3 caractères peuvent donc se traduire par combat suprême avec un adversaire ou avec soi-même.

Le tai-chi était au départ une technique de combat transmise oralement, de maître à élève, dans le plus grand secret au sein de familles de paysans. Son origine demeure difficile à déterminer, histoire et mythe étant inextricablement liés. Il y a 1 700 ans, un médecin chinois, Hua-To, aurait conçu un système de combat appelé le Jeu des cinq animaux. Il pensait que l’imitation du tigre, du cerf, de l’ours, du singe ou de la grue pouvait améliorer les capacités physiques de l’homme. Vers 520, le moine Ta-Mo (Boddhidarma, maître bouddhiste à l’origine du zen en Chine), en résidence au temple de Shaolin, trouvant les moines trop faibles pour suivre son enseignement, eut l’idée d’ajouter alors ce jeu d’exercices physiques à la méditation quotidienne. Un art martial était né. Au cours des siècles, différentes écoles de tai-chi ont vu le jour. Les 3 principales étant l’école Chen, Wu et Chang. C’est cette dernière qui est la plus répandue en Occident. Elle a été mise au point au XIXème siècle. Aujourd’hui, les Chinois de tous âges pratiquent le tai-chi au quotidien, en plein air et souvent en musique. 
 
Le tai-chi est un art martial basé sur l’équilibre entre force et faiblesse, fermeté et souplesse qui vise à maintenir ou à rétablir la circulation de l’énergie vitale dans le corps. Son essence réside dans la recherche de l’équilibre des deux pôles de l’énergie, le Yin, issu de la terre, et le Yang, issu du ciel. Cette discipline corporelle — comportant un ensemble de mouvements continus et circulaires exécutés avec lenteur et précision dans un ordre préétabli — allie la méditation, des techniques d'arts martiaux et le maniement d'armes. Elle met aussi l’accent sur la maîtrise de la respiration. Notons que le Qi Gong se distingue du tai-chi par ses mouvements plus courts et isolés qui peuvent parfois être exécutés en position couchée, tandis que le tai-chi est essentiellement pratiqué en posture verticale.
 
Parfois qualifié de « méditation en mouvement », sa pratique régulière est réputée apporter des bienfaits tant sur le plan physique : détente, souplesse, équilibre, coordination que sur le plan mental : calme, patience, concentration et confiance en soi. Pour la médecine chinoise, c’est également une technique de longévité.
À long terme, en favorisant la circulation harmonieuse du « souffle » ou « énergie vitale » (le Qi) et en travaillant en profondeur sur les articulations, le tai-chi entretient la souplesse du corps, stimule le fonctionnement des organes vitaux (meilleure digestion, circulation) et retarde les effets du vieillissement. C’est aussi une véritable discipline de vie : à force de concentration (tranquillité de la respiration, précision des mouvements) et de persévérance (long apprentissage de l’enchaînement et coordination des mouvements), le pratiquant apprend à dépasser l’agitation et l’agressivité qui l’habitent pour accéder à la sérénité et affronter calmement n’importe quelle situation. Beaucoup de personnes âgées s’y adonnent pour des raisons de développement intérieur qui vont bien au-delà de l’entraînement physique.
 
De nombreuses études corroborent le fait que, pratiqué régulièrement, le tai-chi améliore la souplesse et l’équilibre en plus de réduire les chutes. Ainsi, une étude américaine récente a montré que la flexibilité et la force des parties supérieures et inférieures de 39 femmes se sont significativement améliorées après avoir suivi 36 cours. Outre la réduction des risques de chute, le tai-chi augmenterait la vitesse de marche, d’améliorer l’équilibre et de procurer une plus grande confiance au cours des déplacements. La pratique de cette technique gymnique permettrait de développer notre sens de la proprioception (c’est-à-dire la capacité de connaître la position de notre corps dans l’espace), faculté qui diminue en vieillissant. Par ailleurs, elle procure une amélioration de l’amplitude des mouvements des membres inférieurs, en particulier des chevilles. 
 
Cette technique a démontré son efficacité pour la prévention et le traitement de maux de dos grâce à ses mouvements lents, coulés et ininterrompus. Par ailleurs, elle permet  également d’améliorer notre posture car l’axe de la colonne vertébrale, du coccyx au sommet du crâne, doit toujours bien droit lors de l’exécution des mouvements. Le tai-chi est particulièrement intéressant pour ceux qui souffrent d’arthrite car les exercices tonifient et améliorent en douceur les articulations. D’autre part, selon une étude de l’université de Boston,  sa pratique aurait une action bénéfique sur la condition physique et les douleurs des patients de plus de 65 ans souffrant d'arthrose aux genoux.
 
Dans le tai-chi, le travail sur le souffle et la respiration est très important. La pratique de la respiration abdominale, profonde et régulière, aide à développer votre capacité respiratoire, d’où une meilleure oxygénation des tissus et des organes, ce qui facilite l’élimination des déchets. Une méta-analyse regroupant 14 études cliniques sur le sujet constate que les individus, exerçant régulièrement et sur une longue période, le tai-chi, développent une meilleure capacité aérobie (la quantité maximale d'oxygène que l'organisme peut prélever dans l'air et consommer). Il semblerait aussi que ce sont les personnes initialement sédentaires qui bénéficient plus du tai-chi que les personnes déjà actives.
Si vous êtes sujet au stress, ce travail sur le souffle est également très utile. Certaines personnes présentent moins de difficultés à dormir et ont un sommeil plus réparateur avec une augmentation de sa durée et une réduction des périodes de somnolence diurne. De plus, le tai-chi chuan permet de diminuer l’anxiété et la dépression. Selon ses adeptes, grâce à son côté méditatif et à l’extrême précision des gestes, le tai-chi permettrait d’apaiser le mental et d’améliorer la concentration, la vivacité d’esprit et la mémoire.
 
Associé à des règles d’hygiène de vie (notamment alimentaires), le tai-chi permettrait de prévenir les maladies de surcharge telles que l’obésité, le diabète de type II, l’athérosclérose, l’hypertension, le syndrome métabolique… Cela pourrait s’expliquer par le fait que le tai-chi amène les femmes à faire des mouvements lents et des déplacements fluides, ce qui est plus facile à exécuter chez des individus sédentaires et les incite davantage à adhérer à l’activité. Certaines études montrent que le tai-chi pourrait aider à réduire l’incidence de certaines maladies cardiovasculaires, comme les accidents vasculaires et l’insuffisance cardiaque chronique.
 
L’apprentissage du tai-chi nécessite persévérance, rigueur et assiduité si l’on veut bénéficier de ses effets positifs. Il faut parfois des années pour apprendre les bonnes techniques de tai-chi, mais vous pouvez commencer à en ressentir les effets calmants dès les premières séances. On recommande de s’exercer de 15 à 20 minutes, 2 fois par jour. Le nombre de mouvements dans un enchaînement complet varie de 24 à 48, et peut même atteindre 108, ce qui correspond à la forme originale du tai-chi. Il est cependant plutôt rare de trouver des maîtres qui enseignent selon les règles anciennes. La plupart ont réduit le nombre de figures afin de rendre l’entraînement plus accessible. La difficulté initiale pour les débutants réside dans le fait d’apprendre à ralentir. En effet, c’est l’extrême lenteur d’exécution qui permet de déceler les blocages et de sentir le courant énergétique. De plus, la prise de conscience du transfert, lent et précis, du poids du corps d’une jambe à l’autre et le jeu d’alternance des bras et des jambes concrétisent parfaitement la pensée chinoise basée sur l’équilibre dynamique des forces du Ying et du Yang. Les mains sont aussi importantes. En effet, durant les enchaînements, ce sont elles qui guident les déplacements et qui captent et dirigent l’énergie afin que le corps trouve son appui dans le Tan Tien, le centre de gravité situé un peu en bas du nombril.