Le bilan de vie

Le vieillissement oblige l’individu à accepter les changements visibles dans le miroir, à faire les premiers deuils, à se tourner vers de nouveaux centres d’intérêt. Il l’incite à revoir sa vie, à en accepter les choix et à s’accepter lui-même. Ne pas pouvoir réaliser cette tâche ultime peut conduire au désespoir. Toutefois, le bilan que la personne âgée fait de sa vie peut constituer une source de satisfaction. Pour qu’il soit positif, il est nécessaire qu’il représente une source de gratification susceptible de protéger l’individu contre les frustrations que, maintenant, la réalité lui impose. Il reste que le décalage entre ce qui correspond au passé et ce qui est vécu ici et maintenant n’est pas toujours facile à supporter pour ceux qui mesurent à chaque événement la différence entre le passé et le présent. Malgré tout, l’estime de soi, souvent mise en péril au cours de la vieillesse, peut être maintenue par l’expérience de l’existence montrant au sujet qu’il possède une “réelle valeur”.
 

La solitude

Jusqu’à l’effondrement, au XIXème siècle, des fondements agraires de la société, l’individu vieillissait traditionnellement au sein de sa famille où il participait, selon ses forces, aux tâches agricoles ou ménagères. Aujourd’hui, les liens familiaux sont distendus, les liens sociaux raréfiés et les liens symboliques entre générations quasi-inexistants. La famille, éclatée, ne peut entourer la personne âgée et lui construire un rempart contre la solitude.
De plus, jusqu’à la fin du XIXème siècle, les savoirs se transmettaient de génération en génération, on les perfectionnait, on les changeait lentement. À présent, les connaissances techniques sont très vites obsolètes et le retraité “dépassé”. Les savoirs des anciens sont par conséquent inutilisés ce qui engendre un sentiment d’inutilité.
Ces importants bouleversements laissent ainsi de nombreuses personnes âgées dans le dénuement et la solitude. Elles ont pourtant beaucoup à transmettre, notamment concernant leur expérience de vie...
 
 
Vieillir, c’est vivre
 
Les différences individuelles qui s’accentuent à l’âge adulte deviennent encore plus apparentes au temps de la vieillesse. On rencontre des vieillards heureux et relativement actifs, et d’autres cruellement diminués. Mais hors des atteintes plus ou moins sévères, le vieillissement n’est pas un état dans lequel on tombe d’un seul coup. Nous vieillissons parce que nous vivons. C’est pourquoi, garder le goût de la découverte des autres, du monde qui nous entoure et de ses merveilles, par les voyages lorsque c’est possible, par la lecture qui l’est toujours si la vue ne fait pas défaut, conserver une image positive de soi en dépit de l’âge, tels sont les plus sûrs moyens que les gérontologues préconisent pour rester insérés dans la vie sociale et dans la vie tout court.