728 x 90

L'influence des troubles thyroïdiens sur le poids

img

S.M. : Comment se passe le traitement par les hormones thyroïdiennes ?
Dr S. D. :
Le traitement est basé sur la prise quotidienne d’hormones thyroïdiennes, qui sont actuellement prescrites sous forme de comprimés. La structure de ces hormones thyroïdiennes est identique à l’hormone naturellement fabriquée par l’organisme. Le traitement se met en place petit à petit, il faudra attendre quelques semaines avant que le dosage se normalise. Une fois que cet objectif est atteint, les choses se pas- sent d’une manière extrêmement simple : un comprimé sera à prendre tous les matins. Puis, un dosage de la TSH sera à faire une à deux fois par an, afin d’ajuster la dose au plus près. Si les gens ne sont pas informés de ces petites variations possibles de doses, ils attribueront à leur traite- ment quotidien des troubles variés. Il faut savoir que la précision des dosages actuels d’hormones thyroïdiennes permet un ajustement très précis du traitement.

S.M. : N’y-a-t-il, comme problèmes hormonaux, que les troubles thyroïdiens qui peuvent occasionner des variations de poids ?
Dr S. D. : D’un point de vue hormonal, les autres causes sont rares. Il s’agit essentiellement d’hypersécrétions de cortisol. La cortisol est une hormone fabriquée par les petites glandes situées au dessus des reins : les glandes surrénales. Dans ce cas, cette hypersécrétion peut entraîner une prise de poids, qui n’est jamais isolée. S’y associent des troubles des règles, de l’acné, une hyperpilosité, une hypertension artérielle, des troubles de la glycémie, des problèmes de fatigue musculaire et de modification de la peau.C’est une cause rare, mais qu’il faut savoir repérer car c’est une maladie sérieuse qu’il faut prendre en charge. 

S.M. : Le nuage de Tchernobyl a-t-il eu réellement une incidence sur une augmentation des cancers de la thyroïde dans la population française, comme on le lui en a attribué ?
Dr S. D. : Ce que l’on sait, dans les revues scientifiques, ne va pas exactement dans le même sens que ce que l’on entend dans les médias...La contamination liée à l’accident de Tchernobyl en 1986 a provoqué une augmentation importante de l’incidence des cancers de la thyroïde chez les enfants de Biélorussie, d’Ukraine et de Russie. Les études effectuées ont montré que seuls les enfants de moins de 15 ans sont sensibles à l’action cancérigène des radiations. Ce risque est présent pour des doses d’irradiation importantes très éloignées des doses observées en France. Pour ces faibles doses, aucun effet sur la santé ne leur est attribué.


S.M. : Pourquoi parle-t-on de plus en plus des maladies de la thyroïde ?
Dr S. D. :
L’attitude médicale vis à vis de la pathologie thyroïdienne a énormément évolué parallèlement à une meilleure connaissance de ces pathologies et au développement des moyens d’exploration. Ces nouvelles approches se sont beaucoup développées dans les pays industrialisés : on s’occupe de plus en plus de la thyroïde, et on s’en occupe différemment en l’an 2000 que dans les années 70. L’examen clinique de la thyroïde est plus fréquent qu’autrefois. Les examens radiologiques de la région du cou sont devenus d’une précision extraordinaire. Les échographies permettent de visualiser de plus en plus d’images qui doivent êtres interprétées en fonction de la technique.Enfin, les dosages d’hormones et d’anticorps sont devenus beaucoup plus précis. Une telle précision n’existait pas en 1985. Le développe- ment de ces moyens joue un rôle primordial dans la place que prend aujourd’hui la pathologie thyroïdienne.

S.M. : Il est prévu une baisse progressive de l’effectif des médecins endocrinologues. Par qui vont-ils êtres remplacés ?
Dr S. D. :
Je pense que c’est une spécialité qui touche énormément d’organes. Des pathologies qui s’étendent des troubles de la thyroïde, du poids, du diabète ou du cholestérolaux mécanismes de la reproduction. C’est un domaine qui est devenu, à la fois sur le plan de la compréhension des mécanismes physiopathologiques et des possibilités thérapeutiques, extrêmement rapide d’évolution. On a besoin d’avoir des médecins qui soient formés dans ce domaine demanière à bien se tenir au courant des différentes attitudes qui se modifient pour proposer aux gens le meilleur traitement possible. Il faut espérer que l’effectif des médecins endocrinologues soit maintenu et développé parallèlement aux besoins de la population.