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8 ans dans la peau d'une Suvimaxienne...

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Le 21 juin dernier s'achevait l'une des plus grandes études épidémiologiques jamais réalisée dans le monde, dans le domaine de la prévention nutritionnelle des cancers et des maladies cardiovasculaires : l'étude SU.VI.MAX (SUpplémentation en VItamines et Minéraux AntioXydant). Menée de 1994 à 2003, elle a réuni de nombreux volontaires bénévoles, âgés de 35 à 60 ans. Chaque jour pendant 8 ans, ces Suvimaxiens ont pris une gélule sans savoir si celle-ci était un placebo ou si elle contenait des antioxydants. L'un des objectifs de cette étude étant de mesurer l'impact des apports en vitamines et minéraux sur l'organisme. Rencontre avec Claire, une Suvimaxienne qui a reçu le principe actif à son insu. Elle nous fait partager son expérience et nous explique ce qui l'a poussée à se porter volontaire.

Pourquoi je me suis sentie concernée par cette étude ?

Veuve et mère de deux grands enfants, Claire a 54 ans. Née à Londres, elle vit depuis 31 ans en France, dans la région des Hauts de Seine, où elle est professeur d'anglais. L'interview se déroulant par téléphone, nous lui demandons de se décrire. Les cheveux auburn, les yeux bleus et la peau blanche, elle dit ne pas faire son âge et apparaît comme une femme au naturel dynamique et enjoué. Cela s'entend. Son accent renforce un peu plus son charme British. De ses intonations chaleureuses et vivantes, elle se décrit comme un peu ronde mais bien dans sa peau. Elle a suivi de nombreux régimes, a perdu 20 kilos il y a 10 ans mais les a tous repris au fil du temps. Aujourd'hui, le plus important pour elle est de prendre soin de sa santé. Puis, on entre dans le vif du sujet. Pourquoi a t-elle accepté de participer à l'étude SU.VI.MAX, de devenir une volontaire au service de la recherche et pour le bien de la population française ? Elle nous conte alors le début de cette grande expérience qui lui valut le nom de Suvimaxienne. « Tout a commencé en 1994. Je ne me rappelle pas de la date exacte, mais je sais que j'avais vu cette annonce dans la presse, faisant appel à des volontaires pour mener une étude dont l'un des objectifs était de faire avancer la recherche contre les cancers ». Et Claire sait de quoi elle parle. Après avoir été confrontée au cancer il y a quelques années et s'en être sortie, il était évident que cette annonce allait la toucher. « Je me suis sentie personnellement concernée par cette étude, mais également parce que j'allais rendre un service à mes enfants et à la société ». Claire répond donc à l'annonce et reçoit, peu de temps après, plusieurs formulaires à remplir. « Je me souviens que le premier document faisait plus de 40 pages. Il fallait répondre à des questions multiples et variées.« Il ressort de l'étude que 79 % des femmes, âgées de 35 à 45 ans, ont unpoids idéal. » Je pense que cela était fait exprès afin d'éliminer un certain nombre d'inscrits, en les décourageant. Car il en fallait de la volonté pour remplir ce formulaire !». Mais Claire répond à chaque question, le plus naturellement du monde. A aucun moment, elle n'a pensé pouvoir être sélectionnée et faire partie de l'étude SU.VI.MAX. Et ce qui devait arriver arriva. « La réponse a mis du temps à me parvenir. En apprenant que j'étais retenue, j'ai été à la fois surprise et ravie. Il faut savoir que lorsque l'on devient volontaire, on ne sait pas quel sera l'impact de cette étude sur l'avenir. Le 21 juin, à l'annonce des résultats, j'ai été vraiment étonnée de constater son ampleur ainsi que ses conséquences sur la recherche en matière de nutrition ». La gélule contenait le principe actif. Et l'aventure a commencé. Une aventure simple, sans grand chamboulement, si ce n'est d'effectuer une visite médicale tous les deux ans et des prises de sang une fois dans l'année. L'aboutissement de cette étude repose aussi sur la participation d'autres bonnes volontés, telles que celles des chercheurs, médecins, techniciens, secrétaires, chauffeurs... Tous ont consacré une grande partie de leur temps et de leurs compétences pour faciliter la réalisation de cette étude de longue haleine. Sans oublier, comme le précise le Dr Serge Hercberg, Coordinateur National de cette étude : « les directions et les services techniques des hôpitaux et des centres d'examen, mais aussi les organismes publics et privés, les associations (...) qui ont apporté une aide permettant de développer ce programme de recherche ». À l'échelle de la planète, tout ce petit monde paraît bien minuscule. Et pourtant, telles des fourmis qui construisent leur fourmilière, il a grandement contribué à la réalisation d'un événement essentiel, pour le bien de tous.