Comment se manifeste-t-il ? 
 
Quand on évoque l’amour, on pense amour-passion, coup de foudre. Depuis le roman “Tristan et Yseult“ dans lequel certains voient la naissance du concept de l’Amour en Occident, notre vie, consciente et inconsciente, ne cesse d’être alimentée par ces récits.  Mais l’amour peut entrer dans notre vie de façon progressive. C’est le cas pour certains mariages organisés : peu à peu, à force de vivre ensemble, deux êtres liés à l’origine par des raisons de pouvoir ou d’économie peuvent développer, à partir de la reconnaissance des qualités de l’autre, un sentiment puissant. Une amitié peut aussi se transformer en un sentiment plus fort.  Pourtant le mythe de l’amour-passion continue de fasciner car il incarne à lui toute la force du sentiment. Selon les sociologues, le coup de foudre serait de tous les temps, de tous les lieux et provoquerait les mêmes réactions partout. Certains parlent d’“épiphanie » (de renaissance). Les amoureux aimant à focaliser leur rencontre sur un moment originel, fortement idéalisé. Mais, le célèbre « Parce que c’était lui, parce que c’était moi, » n’explique pas tout. La réalité est moins romantique : il existe bien des « lois d'attraction » qui suscitent la séduction. Quels que soient le pays, la religion, le sexe, on retrouve ces constantes dans toutes les enquêtes. Pour être aimé, il vaut mieux être jeune, beau, intelligent et en bonne santé. Les couples ne voient pas toujours combien ces déterminismes cachés jouent sur leur rencontre. En effet, la plupart d'entre eux considèrent que leur rencontre est le fruit du hasard, alors que pour 66 % des unions, les deux conjoints ont fait des études identiques. 
Par ailleurs, dans ces similarités inconscientes, il peut se nicher des zones d’ombre que nous avons projeter sur notre partenaire afin d’ignorer que nous en sommes nous-mêmes porteuses.« La sexualité nous amène à retrouver cette unité, à ne former qu'un par la fusion des corps. » Par exemple, on choisira une personne alcoolique ou dépressive pour se rassurer sur le fait que nous sommes la moins défaillante des deux. Le sentiment amoureux est vraiment habité par des pulsions contradictoires ; et c’est pour cette raison que la haine coexiste toujours avec l’amour. On songe au couple Gabin-Signoret dans le film « Le Chat » ou encore au pasteur de « La Nuit du chasseur » avec, tatoué sur ses mains, d’un côté « love » et de l’autre « hate ». L’amour est une construction qui requiert un travail. Ce n’est pas qu’un sentiment, un état passif dans lequel on « tombe » ; il relève d'une aptitude que l'on peut entretenir en se rappelant régulièrement pourquoi nous avons choisi cet être-là, quelles qualités, quelles attitudes nous ont émues, nous ont plu en lui, pourquoi nous avons jugé qu’il nous était nécessaire. En fait, notre conception de l'amour est trop souvent centrée sur son objet (la personne aimée), alors qu’elle devrait l'être davantage sur la relation nouée. 
Les scénarios amoureux sont multiples mais ont beaucoup évolué depuis trente ans. Ceux qui sont « traditionnels » tombent en lente désuétude. Aujourd’hui, il n’est pas rare qu’on couche avant et qu’on fasse connaissance après. On multiplie les partenaires et les aventures brèves.