Le modèle idéal de « grand amour de toute la vie » cède peu à peu du terrain devant le speed dating, le speed loving et toute floraison de scénarios amoureux alternatifs, successifs, voire simultanés. De plus, les stéréotypes socioculturels de la féminité et de la virilité sont en pleine mutation. On observe une grande instabilité des rôles, une fluidité généralisée du théâtre de l’amour, qui contraste avec la fixité de jadis. Chacun est amené à inventer son « style de vie » à soi et à assumer son mode de jouir et d’aimer. La pression sociale pour s’y conformer n’a pas disparu même si elle baisse.
L’art d’aimer, cela s’apprend comme l'on apprend le piano ou la médecine. Pour le poète Ovide, il s’agissait d’enseigner l’art de la séduction, aujourd’hui, on est plus centré sur le respect de l’autre.« L’amour est une construction qui requiert un travail. »  Il existe des formations dispensées par des « professionnels » pour mieux connaître cette école de la vie au même titre que le développement personnel. Réseaux sociaux, forums de discussion, sites de coaching et de rencontre, applis et SMS sont donc devenus le théâtre du conseil amoureux. « L’individu cherche des renseignements pour augmenter le sentiment de contrôle »  confie un psychothérapeute. Une mise au diapason à laquelle sont surtout sensibles les femmes. Des expériences sont menées dans des « love labs » pour essayer de mesurer la solidité des couples naissants. Après tout, puisque la plupart d’entre nous est persuadée qu’il est plus facile de vivre en aimant que sans aimer, tous les moyens ne sont-ils pas bons pour essayer de trouver le véritable amour ?